« Une espérance à offrir »

Tel est l’intitulé de la lettre et de la vidéo publiées par les Evêques de Belgique, ce 29 juin, Fête des Saints Pierre et Paul.

Les responsables de l’Église catholique de notre pays posent un regard rétrospectif sur la pandémie de coronavirus. Ils soulèvent également des questions importantes qui se posent à chacun de nous.

Les semaines que nous venons de vivre ont été historiques. A beaucoup d’égards, elles furent aussi éprouvantes. Bien des personnes, des familles et des communautés ont été durement atteintes, que ce soit par le deuil, la maladie, la perte d’un emploi, l’isolement. Nous pensons d’abord à elles, et tenons à leur exprimer toute notre compassion.

Ce temps de confinement nous a aussi permis à tous d’observer de nombreux gestes de solidarité. Tant de gens ont donné de leur temps, de leurs talents. De voisins ou de parfaits inconnus, ils se sont fait le prochain. Nous croyons que Dieu n’a pas été absent : malgré les moments d’obscurité, nous avons pu percevoir sa proximité et sa Pâque plus forte que les ténèbres. Nous rendons grâce pour ces nombreux signes de l’Esprit à l’œuvre.

Pour les chrétiens, l’impossibilité de vivre les sacrements et de se retrouver en communauté a constitué une véritable épreuve. Être éloignés de nos frères et sœurs nous a coûté. Nous tenons à vous
remercier très vivement d’avoir pris soin de respecter les lourdes règles qui nous étaient imposées. C’est avec prudence, mais avec une joie profonde, que nous pouvons, depuis quelques semaines,
goûter à nouveau à la communion communautaire « en présentiel ».

Loin de nous immobiliser, ce temps de confinement nous a aussi permis de faire preuve d’une créativité nouvelle. Dans tant de paroisses, d’unités pastorales, de communautés, des baptisés se sont levés, se sont mis ensemble, ont pris des initiatives. Parfois de façon très humble, dans l’urgence, vous avez inventé de nouvelles manières de faire Eglise. Nous avons été touchés par ces gestes de sollicitude, ces services concrets, cette inventivité pastorale. Sans doute avons-nous aussi découvert – ou redécouvert – certaines dimensions que la routine risque parfois de nous faire oublier : l’écoute des autres et de la Parole, la prière personnelle ou familiale, l’importance d’un rythme de vie apaisé pour la réflexion, la relecture, le dialogue. Parallèlement, nous avons ressenti en creux combien nous étaient essentielles la rencontre, l’affection, l’entraide, la communion entre nous et avec Dieu. Nous vous encourageons à demeurer en éveil, à ne pas cesser de rester créatifs. Ensemble, continuons à rendre nos communautés plus belles parce que plus fraternelles, plus sensibles aux blessures de chacun et aux soifs de ce monde. Continuons de soigner nos célébrations pour qu’elles soient sources d’intériorité et d’engagement.

Voilà que demain pointe déjà le jour. Le monde d’après sera-t-il différent du monde d’hier ? Là où il se trouve, chacun a en tout cas le pouvoir de le rendre meilleur. L’épreuve nous a d’ailleurs permis
d’identifier quelques défis majeurs pour notre temps. Comment apporter notre soutien aux victimes d’une crise sociale dont nous commençons seulement à percevoir les effets ? En particulier, comment accompagner les jeunes et nous montrer solidaires des personnes âgées, si souvent frappées par la solitude ? Comment offrir une place à ceux que notre société tend à laisser de côté
ou aux portes de nos frontières ? Comment donner considération et dignité à ceux qui travaillent au service de tous, trop souvent dans la précarité ? Comment chercher du sens et cultiver l’espérance face aux incertitudes ? Comment accueillir et respecter la vulnérabilité de nos vies ? Comment nous engager face à l’immensité des défis écologiques, sociaux, économiques ?

Sur aucune de ces questions, nous n’avons de formule magique. Mais nous pouvons puiser dans notre foi et nos partages communautaires des ressources pour discerner, et pour agir aux côtés des autres individus et groupes de notre société. Nous invitons les communautés chrétiennes à s’engager, d’un même élan, dans le cœur de Dieu et au cœur du monde. Nous y sommes envoyés par le Christ, par notre baptême. Confronté à cette pandémie, ce monde, capable de grande générosité, est aussi en
proie au doute. Offrons-lui notre solidarité, notre espérance et la joie de l’Evangile.

Que cet été soit un temps propice pour nous reposer et nous connecter à l’essentiel. Qu’il nous offre aussi l’occasion de rechercher activement le désir que Dieu a pour chacun de nous, pour Son Eglise et pour notre monde.

En profonde communion avec vous,

Vos Evêques.
25 juin 2020


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