Qui veut sauver sa peau…
De l’Évangile de ce dimanche, deux thèmes distincts affleurent : l’attachement à Jésus qui doit dépasser toutes les affections dont nous vivons ici-bas, y compris l’amour que nous vouons à notre famille ; la pratique de l’hospitalité.
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Vous trouverez ci-dessous le feuillet des lectures et des demande de pardon et prières universelles de la messe en format PDF que vous pouvez télécharger et ou imprimer
Matthieu 28, 16-20 : Jésus est exigeant, il nous demande de le préférer à tout, le préférer aux liens de sang, à sa propre famille,
à sa propre vie. Mais avec lui, qui perd gagne ! Il nous exhorte aussi à l’accueil. Tout cela par amour, comme il nous a aimés
sans mesure (l’amour ne compte pas).
Jésus continue à nous parler des difficultés de la mission, tout en nous parlant de récompense ! Or le
mot « récompense », comme le mot « mérite » sont très ambigus, dans ce sens où ils peuvent sous-entendre un calcul à la base, un marchandage : je donne ma vie, je quitte ma famille, je fais bon accueil à ton messager, mais toi, en retour, tu me donnes le paradis, marché conclu, tu me dois ça ! Comme du donnant donnant ! Or nous suivons le Seigneur parce qu’il nous a séduits, nous donnons notre vie pour lui parce qu’il a donné sa vie pour nous, nous l’aimons parce que lui le premier nous a aimés, parce que ses dons (grâces), c’est de la pure gratuité. Si nous agissons par calcul et intérêt, nous perdrons au change. Autre chose si c’est par amour.
L’extrait de l’évangile d’aujourd’hui peut comporter une autre ambiguïté : une certaine interprétation, basée d’ailleurs sur certaines traductions de textes parallèles, peut laisser croire que Jésus demande de couper les liens avec la famille, avec les proches, ou bien qu’il demande de négliger nos obligations envers la famille. Or la loi exige d’honorer son père et sa mère ainsi que de subvenir à leurs besoins dans la vieillesse.
Jésus ne demande pas renier ses proches, il demande que le disciple le préfère à toute relation, qu’il le mette à la base de toute relation, qui en retour, sera plus vraie et plus profonde. Il est évident qu’il ne peut y avoir d’opposition ni même de tension entre l’amour de Dieu et l’amour des parents (de la famille), celui-ci n’étant en fait qu’une expression de celui-là. On aimera mieux les proches dans le cœur de Dieu, le premier aimé.
Pour bien comprendre ce message, il faut nous placer encore une fois dans la situation que vivaient les chrétiens du temps de Matthieu, ceux à qui il adresse ce message. Nous sommes à l’époque des persécutions. Les chrétiens sont pourchassés, leur vie ne vaut pas cher, certains vont apostasier pour sauver leur peau en
croyant sauver leur vie. Et leurs familles dans tout ça ? Certains ont renié leur foi chrétienne pour ne pas
avoir de problèmes avec leur famille ou pour ne pas attirer le danger sur leur famille, d’autres ont été repoussés par leur famille qui ne les accueillait plus, d’autres ont même été dénoncés par leur propre famille.
Il faut se rappeler que, à l’époque (aujourd’hui encore dans certaines religions), l’appartenance religieuse
était liée à la race, au clan, à la famille, tant et si bien que se convertir à une autre religion, c’était comme trahir sa famille, renier les siens, qui ne se gênaient pas toujours pour prendre des mesures contre celui qu’ils prenaient pour un traître, un renégat, un maudit, un apostat (d’où le crime d’honneur).
Homélie de Vénuste :
Réflexion du Père Jean :