Curieuses idées sur l’au-delà

Nous avons célébré Pâques, la fête de la résurrection, dans les larmes, le deuil et la peur, au lendemain des affreux attentats à l’aéroport de Zaventem et au métro Maelbeek.

La télévision n’arrêtait pas de montrer les photos des trois terroristes de Zaventem : tranquilles et sereins alors que deux d’entre eux allaient se faire exploser!

Quand je pense que la plupart d’entre nous arrivons stressés à l’aéroport avec la peur de rater l’avion ou d’avoir oublié quelque chose d’important.

Non, les kamikazes eux étaient cool ! Il est vrai qu’ils se voyaient déjà au paradis, accueilli par « le Dieu miséricordieux » en héros et martyrs!

Curieux raisonnements, tout à fait aux antipodes de la logique et du sens commun. Car le martyr c’est celui qui est tué par quelqu’un d’autre, ce n’est pas celui qui organise sa mort et celle d’autrui!

Le héros, lui, n’est pas celui qui massacre lâchement des gens qui ne lui ont rien fait! Curieux quand même aussi de croire en un dieu miséricordieux qui pourrait cautionner et même récompenser l’auteur d’un carnage de victimes innocentes.

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Du coup je me rappelle qu’il ne faut pas pointer le doigt vers l’autre, parce que par le fait même trois doigts de ma propre main sont pointés vers moi (faites le geste, vous verrez que c’est ainsi).

 

Du coup je me suis dit que chez nous les catholiques aussi, il est urgent de corriger certaines idées fausses et sur Dieu et sur la résurrection.

Est-ce que d’abord, la résurrection, on y croit ? Parce que les sondages ont montré qu’une proportion non négligeable de chrétiens et même de pratiquants réguliers, ne croient pas en la résurrection.

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Et si on y croit, quelle idée se fait-on du passage de cette vie à l’ « autre » et surtout comment s’imagine-t-on la vie dans l’au-delà ? A quoi va-t-on s’occuper toute l’éternité ? Questions oiseuses, dira quelqu’un !

La Bible, dans certains de ses chapitres, parle de festin, de repas « eschatologique », avec des mets succulents, de viandes grasses et de vins capiteux. Jésus lui-même a raconté la parabole des invités qui n’ont pas daigné répondre à l’invitation et d’un individu qui s’est présenté sans l’habit qu’il fallait. L’image du festin ne s’attarde pas au menu. L’image du festin ne s’attache qu’à l’idée d’être l’hôte de Dieu et de partager son intimité : c’est cela l’essentiel du message.

Jésus, qui aime montrer que toutes nos échelles de valeurs sont renversées, affirme que c’est le Père éternel qui mettra le tablier pour nous servir, pour nous régaler.
L’accent est sur la relation qui sera alors parfaite en Dieu. Relation avec Dieu bien sûr, mais aussi relation avec tous les convives, tous sans exclusive : la vraie et forte fraternité universelle (la mondialisation de l’amour) que nous n’arrivons pas à construire ici sur terre. Puisque, comme dit Isaïe, le loup paîtra avec l’agneau, voilà le terroriste main dans la main avec ses victimes. C’est pour cela que je vois mal des chambres individuelles au ciel, encore moins des propriétés clôturées. Tout comme je crois fermement qu’il n’y aura pas de première classe au paradis, avec domestiques et servantes, s’il vous plaît non!

Nous avons tendance à projeter dans l’au-delà, ce que nous vivons ici sur terre. Bien sûr, nous cherchons à nous faire une idée, à nous placer dans le meilleur des mondes, dans le meilleur des bonheurs, mais il faut toujours conclure que ce sera tout à fait autre chose. Nous-mêmes serons « autre », nous serons transformés, transfigurés.

« Entre dans la joie de ton Seigneur ! » C’est ce que le Maître dira à ses « bons et fidèles » serviteurs, d’après la parabole des talents.

Sans chercher à trop concrétiser la réalité, je trouve que la note principale se trouve ici : la joie (au singulier), la vraie (« afin que ma joie soit en vous et que votre joie soit parfaite »), par opposition aux distractions, divertissements, plaisirs (au pluriel : leur recherche effrénée est certainement l’expression de nos insatisfactions et frustrations, nous n’allons donc pas nous occuper à « ça » toute l’éternité… pour rattraper ce qui nous a manqué ou ce qui nous a mal réussi sur terre).

Et tout commence ici et maintenant (hic et nunc). Nous avons à vivre cette joie dès ici-bas. Nous avons à la rayonner et à la partager autour de nous déjà aujourd’hui.

J’aime répéter ce que répondait le Mahatma Gandhi. Il avait lu toute la Bible (combien de catholiques ont au moins essayé d’en commencer la lecture intégrale ?). Alors on lui a demandé pourquoi il ne s’est pas converti au christianisme.

Il a répondu : parce que les chrétiens ne se montrent pas sauvés ! Vous qui venez de célébrer Pâques, que cette joie vous soit parfaite, celle que rien ne peut vous enlever, ni la détresse, ni l’épreuve !

Vénuste

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