Josué 5, 10-12 : arrivé dans la terre promise, le peuple n’a plus besoin de la manne puisqu’il peut manger les produits de la terre (on dirait un sevrage). Le don de Dieu s’adapte à toutes les situations : la manne dans le désert, les récoltes dans la terre promise, car elles aussi viennent du ciel, même si le travail de l’homme y collabore (responsable de sa propre subsistance et de l’aide aux affamés). Les promesses de l’Alliance avec l’immigré vagabond qu’était Abraham sont ainsi toutes réalisées : une descendance, une terre et la présence de Dieu. On célèbre la Pâque pour contrer la tendance à oublier les bontés et la libération offertes par Dieu durant l’Exode.

2 Corinthiens 5, 17-21 : l’humanité a besoin d’être réconciliée avec elle-même et avec Dieu. Dieu fait tout pour renouer le contact, par le Christ, et il nous envoie « en ambassadeurs » de cette noble cause. Devenir artisan de réconciliation (et de paix), puisque chacun de nous a lui-même bénéficié de la réconciliation en Jésus dans le baptême et à la table de l’eucharistie. Nos communautés chrétiennes doivent s’y employer ad intra et ad extra. Appel urgent ! Se laisser réconcilier avec Dieu, c-à-d laisser faire tout l’amour du Seigneur, lui seul peut transformer les cœurs.

Luc 15, 1…32 : les relations de Dieu avec l’humanité sont celles d’un père miséricordieux avec ses enfants. Le pardon de Dieu est sans limites, sa joie est immense quand un pécheur, même un seul, même le pire, revient à la table familiale. C’est la fête ! Les deux fils du père prodigue en miséricorde, ne savaient pas que son amour, son pardon et sa joie pouvaient arriver jusque-là. Il n’y a que Dieu pour faire preuve de tant de miséricorde.

Homélie de Vénuste.

« Les publicains et les pécheurs venaient tous à Jésus pour l’écouter. Les pharisiens et les scribes récriminaient contre lui : « Cet homme fait bon accueil aux pécheurs et mange avec eux ! » » Deux affirmations mises en exergue des trois paraboles de la miséricorde au chapitre 15 de St Luc : la brebis égarée, la drachme perdue et l’enfant prodigue. Je reprends là les titres qu’une tradition donne à ces paraboles, en mettant, de façon erronée, l’accent là où Jésus ne le mettait pas : non pas insister sur l’égarement, mais reconnaître en Jésus l’amour miséricordieux du Père pour tous ses enfants, même pêcheurs publics. Ainsi cette parabole ne devrait pas être appelée la parabole du fils prodigue, mais « la parabole du Père prodigue » : prodigue en amour et en miséricorde, tellement qu’on s’en scandalise.

Voici donc un père qui a deux fils sans amour. Le plus jeune en a marre de la famille, il veut aller faire sa vie ailleurs où il n’aura « ni Dieu ni maître ». Il demande « la part de biens qui doit lui revenir » ! Il revendique, il force la main. C’est comme s’il préférait l’héritage à l’amour de son père, comme s’il souhaitait sa mort car, selon la coutume, il devait attendre la mort de son père pour réclamer sa part d’héritage. Le père ne fait pas d’objection. Le fils cadet reçoit son héritage et met les voiles. Il a vite fait de tout dilapider « dans une vie de désordre ». La vie de pacha tourne à la catastrophe : il se retrouve sur la paille, il tombe au plus bas de la déchéance, petit salarié exploité, pis encore gardien de porcs (la honte pour un Juif, le porc est l’animal le plus impur et rendait donc impur). Le ventre creux mais rassasié d’amertume, il fait « le voyage intérieur », rentre en lui-même et réfléchit. Non pas qu’il regrette ce qu’il a fait, tout simplement il a faim : simple réflexe de survie. L’estomac a parlé, ce n’est pas le cœur. Il échafaude un beau discours pour amadouer son père : en toute justice, il ne peut plus être le fils, il négociera, il suppliera donc pour n’être traité qu’en domestique.

Et le père ? Lui tient à ne pas perdre sa qualité de père. Il guettait toujours l’horizon, attendant le retour de celui qui est toujours son fils. Il le voit de loin et fait l’impensable : sitôt qu’il l’aperçoit de loin, il va courir vers son fils (chez les orientaux, le patriarche vénérable ne court pas, c’est indécent), ses entrailles de miséricorde en sont retournées (sens littéral du mot avoir pitié), il se jette à son cou pour le couvrir de baisers (un bon juif devait se garder de tout contact avec l’« impur »). Sans lui laisser le temps de faire son discours préparé, sans lui prouver (reprocher) l’extrême gravité de sa conduite, sans exiger des excuses, sans d’abord évaluer s’il y a regret et contrition, sans aucune condition, le père décrète de lui rendre tous les attributs de fils comme s’il n’avait jamais quitté la maison (une ré-investiture) : le plus beau vêtement, la bague au doigt (pour encore cacheter les contrats), le festin ! Pour notre raison raisonnante d’humains, le vieillard disjoncte, il débloque ! Qu’il pardonne, c’est déjà impardonnable (!), mais qu’il tue le veau gras et organise des réjouissances festives, ça dépasse les bornes… tout au moins devait-il passer le savon au fiston, le tancer et le sermonner sévèrement, lui rappeler ses fautes dans le détail, lui donner des conditions et des délais avant de le réhabiliter (des procédures formelles de réintégration dans la famille existaient à l’époque) ! Tout cela sans le moindre « je te l’avais bien dit », sans la moindre demande de réparation ni d’engagement à changer de conduite… C’est vraiment « donner le bon Dieu sans confession » !

C’est d’ailleurs ce que ne se gêne pas de faire remarquer l’aîné, « de retour près de la maison », lui aussi dans la position du cadet quelques temps avant : le voilà qui se met lui aussi à revendiquer, il énonce ses droits et mérites et refuse d’entrer, c-à-d qu’il prend ses distances à son tour, furieux de voir les faiblesses du père. L’aîné a-t-il souffert (comme le père) de voir son frère partir ? A-t-il souhaité ou attendu son retour ? Ainsi nous sommes, car nous vivons dans un monde dur où nous ne laissons rien passer, où nous faisons payer cher la moindre petite erreur. Il ne dit pas « mon frère » mais « ton fils que voilà » (le père corrige : « ton frère que voilà »). Son père, il ne l’aime pas et il n’attend pas d’en être aimé. Sa relation à lui est plate, sans joie, une suite de devoirs. Pour lesquels il s’estime mal apprécié… Remarquons les mots utilisés pour signifier sa position dans la famille : « Je suis à ton service sans avoir jamais désobéi à tes ordres ». Il se définit comme un salarié et pas comme un fils (tiens ! ce que le cadet pensait demander à son père : « … prends-moi comme l’un de tes ouvriers »). Il est resté près du père mais sans vraie relation, sans vraie communication, une solitude à deux, juxtaposés ; il pense avoir marqué des points et n’avoir que des mérites, il est trop sûr de son droit, de sa fidélité. Il travaillait comme un serviteur au lieu de jouir de sa condition de fils. Il a sacrifié au mythe de l’homme qui travaille tout le temps et n’a pas de temps pour ses relations. Il refuse l’amour gratuit du père pour les autres et même pour lui. On fait la fête, il fait la tête, au lieu d’accueillir les mots tendres de son père qui le supplie. Il refuse la miséricorde.

L’histoire reste ouverte. Elle ne dit pas comment le jeune frère s’est senti devant cette fête et ces attentions qu’il ne méritait pas, s’il a eu quelque geste de gratitude. Elle ne dit pas si l’aîné a refusé obstinément et définitivement de réintégrer la famille, si les deux frères se sont embrassés. Ce n’est pas ça l’essentiel. Il suffit de s’étonner de l’amour du père qui a étonné ses deux fils. Car ceux-ci le connaissaient très mal : ils ne savaient pas qu’il pouvait aimer jusqu’au bout. Pour les deux, la seule réalité qui compte c’est le mercantile, le donnant-donnant. Ils sont convaincus, comme beaucoup aujourd’hui que, avec leur père, comme avec quiconque, même avec Dieu,  « on n’a rien pour rien » !

A nous d’écrire une finale heureuse par notre vie. Car nous sommes tour à tour le cadet qui pense trouver son bonheur loin du père, dans les sous, dans une vie sans souci et dissolue, où nous croyons être libres ; mais quand nous avons le courage de faire « le voyage intérieur », nous nous voyons dans un esclavage abominable et dans une déchéance lamentable. Combien ont le courage de faire le chemin du retour… sans autres départs ? Nous nous reconnaissons également dans l’aîné, lui aussi tombé dans une autre déchéance, celle de « bosser » comme un mercenaire (quand le travail devient un absolu), trop sûr de ses droits, dans une fidélité qui dessèche tout amour, dans une obéissance d’esclave, dans une minable comptabilité soi-disant que nous méritons mieux : corrects et convenables, mais durs et méprisants, choqués, révoltés et déçus que Dieu ait le même amour pour les intègres (qui croient l’être) que pour les voyous, prostituées, sans cœur (trop c’est trop !) ; et pour cela, nous nous croyons en droit d’être râleurs !

Mais la parabole doit se focaliser sur le père, riche en miséricorde et plein d’amour. Il n’a cure de mérites ni d’un côté ni de l’autre. Il est toute gratuité : « tout ce qui est à moi et à toi ». Ce qui compte pour lui, c’est qu’on reste son enfant : « tu es toujours avec moi » ; que celui qui était mort retrouve la vie, que celui qui était perdu retrouve le chemin du retour ; qu’il y ait fête, musiques et danses. Il s’agite dans la maison pour donner les ordres afin que le banquet soit le meilleur et que la fête batte son plein. Il court littéralement après ses fils pour qu’ils soient avec lui à la table familiale : être à table, c’est l’intimité, la communion. Il aime, alors que ses deux fils ont perdu le cœur d’aimer. Il reste le père, mais est-ce que ses fils sont encore frères l’un pour l’autre ? C’est cet écart qui est à mettre en évidence. Le père respecte toujours et laisse pleine et entière liberté : il ne retient pas le cadet qui veut s’éloigner de lui, il ne va pas le ramener de force, il supplie (sans aucune contrainte) l’aîné qui refuse de s’asseoir à table avec celui qu’il prend pour indigne… Le père garde toujours les bras ouverts, il s’inquiète pour celui qui s’en va (sans du tout minimiser sa faute puisqu’il la compare à une forme de mort), fait la fête pour tout retour vers lui. Il continue à interpeller chacun par le doux nom : « mon enfant ». Cet amour est divin : aimer quand il n’y a plus de raisons d’aimer. Est-ce que nous connaissons vraiment notre Dieu ? Quand changerons-nous nos préjugés sur lui, pour nous émerveiller de ce qu’il peut aimer jusque-là ? Arrêtons de comptabiliser nos soi-disant mérites devant la gratuité de notre Père. Si nous l’abandonnons, lui, il ne nous laisse pas tomber : il nous attend et il nous espère. Et chaque fois que nous faisons la moindre démarche pour revenir vers lui, fût-elle totalement intéressée et égoïste, il nous accueille (sans être naïf). Son bonheur, c’est que l’un « est revenu à la vie » et que l’autre « est toujours avec » lui. Le moindre geste de conversion est une résurrection.

Oui, je me lèverai et j’irai vers mon Père. Voilà notre démarche de Carême. Prenons conscience que loin du Père, ce ne peut qu’être misère, déchéance, esclavage. Après des regrets intéressés, simple réflexe de survie, cheminons vers le vrai repentir qui ne vient pas de la culpabilité mais de la rencontre de la tendresse et de la miséricorde de Dieu. Seul l’amour peut susciter une vraie conversion. Laissons-nous réconcilier (dit St Paul), laissons-nous aimer divinement, et aimons divinement en retour.

Commentaire de Père Jean.

En ce temps-là, les publicains et les pécheurs venaient tous à Jésus pour l’écouter. Les pharisiens et les scribes récriminaient contre lui : « Cet homme fait bon accueil aux pécheurs, et il mange avec eux ! » Alors Jésus leur dit cette parabole : « Un homme avait deux fils. Le plus jeune dit à son père : ‘ Père, donne-moi la part de fortune qui me revient’. Et le père leur partagea ses biens. Peu de jours après, le plus jeune rassembla tout ce qu’il avait, et partit pour un pays lointain où il dilapida sa fortune en menant une vie de désordre. Il avait tout dépensé, quand une grande famine survint dans ce pays, et il commença à se trouver dans le besoin. Il alla s’engager auprès d’un habitant de ce pays, qui l’envoyé dans ses champs garder les porcs. Il aurait bien voulu se remplir le ventre avec les gousses que mangeaient les porcs, mais personne ne lui donnait rien. Alors il rentra en lui-même et se dit : «Combien d’ouvriers  de mon père ont du pain en abondance, et moi, ici, je meurs de faim ! Je me lèverai, j’irai vers mon père, et lui dirai : ‘Père, j’ai péché contre le ciel et envers toi. Je ne suis pas digne d’être appelé ton fils. Traite-moi comme l’un de tes ouvriers’. Il se leva et s’en alla vers son père. Comme il était encore loin, son père l’aperçut et fut saisi de compassion : il courut se jeter à son cou et le couvrit de baisers. Le fils lui dit : « Père, j’ai péché contre le ciel et envers toi. Je ne suis plus digne d’être appelé ton fils. » Mais le père dit à ses serviteurs : ‘Vite, apportez le plus beau vêtement pour l’habiller, mettez-lui une bague au doigt et des sandales à ses pieds, allez chercher le veau gras, tuez-le, mangeons et festoyons, car mon fils que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé’. Et ils commencèrent à festoyer.

Or, le fils ainé était aux champs. Quand il revint et fut près de la maison, il entendit la musique et les danses. Appelant l’un des serviteurs, il s’informa de ce qui se passait. Celui-ci répondit : ‘Ton frère est arrivé, et ton père a tué le veau gras, parce qu’il a retrouvé ton frère en bonne santé’. Alors le fils ainé se mit en colère, et il refusait d’entrer. Son père sortit pour le supplier. Mais il répliqua à sont père : ‘  Il y a tant d’années que je suis à ton service sans avoir transgressé tes ordres, et jamais tu ne m’as donné un chevreau pour festoyer avec mes amis. Mais, quand ton fils que voilà est revenu après avoir dévoré ton bien avec des prostituées, tu as fait tuer pour lui le veau gras !’ Le père répondit : ‘Toi, mon enfant, tu es toujours avec moi, et tout ce qui est à moi est à toi. Il fallait festoyer et se réjouir ; car ton frère que voilà  était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu et il est retrouvé !’ 

Au chapitre 15 de son évangile, Luc regroupe trois paraboles disant la miséricorde du Père, dans le contexte que voici. Des publicains escrocs et des pécheurs,(les ‘mauvais’ aux yeux des ‘bons pharisiens et scribes’ qui savent qui est Dieu),  viennent pour écouter Jésus (lors de la Transfiguration, la voix du Père avait retenti  ‘écoutez-le’), voilà les ‘mauvais’ observent la recommandation du Père, ils l’écoutent ! Voilà la récrimination de la part des ‘bons religieux ‘: « Cet homme fait bon accueil aux pécheurs » : lisez dans cette phrase : ‘Dieu  l’ami des pécheurs ?’ Non, pas possible, c’est blasphématoire ce que Jésus fait là. Jésus leur (les religieux chargés du culte et de la morale) répond en trois paraboles, par lesquelles il entend révéler la vraie identité de Dieu dans sa relation avec les hommes. Découvrons-la !

 **Première parabole, souvent sous-titré comme celle de la brebis égarée :, à mon sens il est préférable de la voir comme celle du berger qui veut sauvegarder tout son troupeau : c’est l’attitude du berger qui pose question, beaucoup plus que celle de la brebis égarée.  Je l’évoque rapidement :  Un berger a cent brebis. Une de ses brebis quitte le troupeau et s’égare, à la recherche de liberté. Réaction du berger : apparemment sans se soucier du bien des 99 autres brebis, il va à la recherche de la centième : son but est de retrouver son troupeau au grand complet : 100 brebis !. Pour ce faire, il cherche l’égarée  jusqu’à ce qu’il l’ait trouvée. Sans lui émettre une quelconque  réprimande, il la prend tout joyeux sur ses épaules,  la ramène au troupeau : les cent brebis sont là ! Cela se fête, il fait venir les voisins pour qu’ils se réjouissent avec lui ! ‘J’ai retrouvé ma brebis qui était perdue !’ Mon troupeau compte à nouveau  100 brebis. Voilà l’objectif de Dieu. Le ‘personnage’ central est le berger, et non la brebis égarée ni les 99 autres. Jésus ajoute la signification  du récit : « Il y aura dans le ciel plus de joie pour un seul pécheur qui se convertit que pour 99 justes qui n’ont pas besoin de conversion ».Lisez Dieu veut le salut de tous.

**Deuxième parabole, souvent sous-titrée ‘de la drachme égarée’, mais en fait de ‘la ménagère ayant égaré une drachme’ : de même facture que la première, elle passe de ‘l’homme berger’ à la ‘ménagère’.

**Troisième parabole  (celle de l’évangile de ce dimanche), autrefois appelée de l’enfant prodigue, aujourd’hui modifiée du père prodigue en miséricorde, qui en est le personnage central. Le père a deux garçons, l’ainé et le cadet ayant tous deux leur histoire, mais ce sera l’attitude du père qui sera mise en évidence. Etonnant, à brûle pourpoint le cadet dit à son père : « Père, donne-moi la part d’héritage qui me revient». Pour lui, c’est comme si le père était mort, l’heure est à l’héritage ! Le cadet  demande sa part, sans doute il se sent étouffer dans la maison paternelle, il veut plus de liberté.( A noter que la loi juive prévoyait que l’ainé bénéficie de 2/3 de l’héritage, mais avec ‘usufruit’ pour le père aussi longtemps que celui-ci sera  en vie, alors que le cadet en perçoit 1/3 dès à présent. Etonnante réaction du père : on aurait pu présumer qu’il tâche de dissuader son fils. Mais non , le père estime que la liberté accordée au cadet est primordiale par rapport à l’obligation servile d’y demeurer, se sentant l’esclave . Aussitôt le père ‘leur’fait le partage légal entre eux, ainsi le fils ainé devient bénéficiaire de la démarche de son frère cadet ! Quel père aurait cette même réaction de liberté accordée au cadet ? Etonnant père ! Etonnant Dieu ! Le cadet quitte avec son magot, et le dilapide, menant une vie de désordre ; la famine sévissant en cette région sévit, il doit s’engager chez un païen qui lui demande de garder ses porcs (animal impur pour les ‘bons juifs’), il crève de faim, personne ne lui donnant de partager la nourriture impure de ses porcs. Bref un désastre complet, mais suivi d’un revirement. Alors il rentra en lui-même et réfléchit. Il se souvient de son père ! Chez lui, les serviteurs jouissent d’une nourriture abondante et lui,le cadet meurt de faim. Il se propose de retourner chez son père en disant : « Père, j’ai péché contre le ciel et envers toi. Je ne suis plus digne d’être appelé ton fils.  Traite-moi comme un de tes ouvriers ». Il se met en route. Alors qu’il est encore loin, son père, qui visiblement dès le départ guettait son retour est pris de compassion. Le cadet n’a même pas le temps de dire les mots préparés, que son père fait en un geste d’accueil ‘excessivement chaleureux’. Aux serviteurs le père demande d’apporter le plus beau vêtement pour l’habiller  et retrouver sa dignité (le cadet en haillons !), de sans plus tarder lui enfiler une bague au doigt en signe de confiance, la bague avec le sceau de la famille permettait de fonctionner comme une carte de crédit, et des sandales aux pieds (il n’est pas serviteur mais fils). Le père ne s’arrête pas là : il faut tuer le veau gras, préparer la fête, car ‘mon fils que voilà était mort, et il est revenu à la vie, il était perdu et il est retrouvé’. Sans plus tarder la fête peut commencer. Voilà signifiée par la parabole l’attitude de Dieu face au pécheur revenant. (contrition imparfaite du cadet : il veut manger!) La parabole ne dit rien de l’attitude du cadet, sauf ceci, éberlué il se laisse faire. Mais en sa déchéance, il avait gardé l’image du père L’attitude de l’ainé au retour des champs  (lui ‘travaille’ du moins !) est celle d’un refus catégorique pour entrer dans l’esprit de la fête organisée par son père (ou plutôt de son ‘patron’). Il se met en colère. Le père sort de la fête et supplie l’ainé d’y entrer. Reproche de l’ainé  à son patron, en omettant de daigner l’appeler ‘père’ : ‘Il y a tant d’années que je suis à ton ‘service’ et jamais tu m’as donné un chevreau pour faire la fête avec mes amis. (tu m’as toujours considéré comme un serviteur qui t’obéit). Quel contraste avec le cadet  reçu à bras ouverts alors qu’il a vécu dans la déchéance morale. Le père de répondre : « Toi, mon enfant, tu es toujours avec moi, tout ce qui est à moi est à toi ! Il fallait festoyer et se réjouir : car ton frère que voilà était perdu et il est retrouvé ! Suspense : l’ainé entrera-t-il à la salle des fêtes ? Les deux paraboles mentionnaient : ‘jusqu’à qu’il retrouve’. Ici jusqu’à ce que les deux rejoignent la fête. Merci !

Luc 15, 1-3 11-32

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