Isaïe 40, 1…11 : métaphore du chemin que reprend l’évangile et qui rappelle la route de l’Exode, libération de l’esclavage, à la terre promise. Dieu répond à la prière de son peuple exilé : il vient habiter de nouveau au milieu de son peuple. Il faut préparer sa route ; mais cette route n’est pas destinée uniquement à la venue de Dieu, elle doit permettre au peuple de se mettre lui aussi en marche avec Dieu.
2 Pierre 3, 8-14 : pourquoi le jour final n’est-il pas encore arrivé ? D’abord parce que Dieu n’a pas la même conception du temps que les hommes (mille ans sont comme un jour et inversement) ; ensuite parce que Dieu est patient et laisse à l’homme le temps nécessaire pour se convertir (ce n’est ni négligence, ni indifférence, ni impuissance de sa part). Le temps de l’attente est une chance offerte à l’homme pour se préparer : ne pas tomber donc dans l’insouciance ni dans la débauche, mais profiter de l’occasion pour mener une vie digne.
Marc 1, 1-8 : préparer le chemin du Seigneur. Il ne s’agit pas de pavements ni de terrassements dans le paysage, mais de conversion du cœur, de retournement radical dans le comportement. A l’exemple de Jean le Baptiste : se ménager un temps de désert, de désencombrement, de recueillement, de prière. Se mettre dans les dispositions d’être baptisé dans l’Esprit par Celui que le Précurseur ne sait pas encore nommer mais dont il prépare l’arrivée.

Homélie de Vénuste.

C’est ici et c’est ainsi que commence l’évangile selon St Marc. Il n’y a pas chez lui d’évangile de l’enfance, mais il parle lui aussi d’un commencement : « Commencement de l’Evangile (la Bonne Nouvelle) de Jésus Christ, le Fils de Dieu ». Les exégètes aiment s’arrêter à cette phrase parce qu’elle résume tout l’évangile. Le mot commencement ne veut pas dire ici début dans le sens d’une première phrase d’un récit. Il faut le prendre dans le sens que lui donne le livre de la Genèse : comme lors de la Genèse, nous sommes aux origines d’une nouvelle création, d’une nouvelle humanité, d’une nouvelle étape de l’Histoire sainte. C’est une action, une geste de Dieu qui commence à se réaliser. C’est l’œuvre de Dieu, l’œuvre du salut qui prend un nouvel essor : les temps sont arrivés où les promesses divines vont trouver leur accomplissement. Marc entreprend de donner son témoignage, le témoignage de l’Eglise des premiers chrétiens, le témoignage de Pierre dont Marc fut en quelque sorte le secrétaire : il n’écrit pas un récit quelconque ni une suite de faits divers. Il veut montrer comment on en est arrivé (et comment on en arrive) à confesser (professer) que Jésus « Christ » (l’Oint = Messie) est Fils de Dieu. Qu’est-ce que Jésus a fait, qu’est-ce qu’il a dit pour que ses disciples parcourent le monde entier en affirmant qu’il est Fils de Dieu. C’est pour nous dire : si tu lis avec des dispositions d’ouverture d’esprit et d’accueil, tu vas vivre un cheminement spirituel qui te conduira à reconnaître toi-même que ce Jésus est vraiment le Fils de Dieu. En Marc, le titre « Fils de Dieu » ne reviendra que dans la bouche du centurion sur le Calvaire.
Et le premier témoin entre en scène. Le témoignage s’ouvre sur celui du Baptiste. Il fait le pont qui relie Jésus avec le Premier Testament. Jean Baptiste a le privilège d’assurer la préparation immédiate, il est le Précurseur, celui qui montra du doigt le Messie parce qu’il fut dans sa proximité physique, il l‘a vu physiquement. Il lui prépare vraiment le terrain et demande à tous ses auditeurs de faire de même, pratiquement de l’imiter.
L’homme. Un message qui est appel à la radicalité. La prédication du Baptiste est d’abord sa façon de vivre. C’est plutôt rare que la Bible parle du régime alimentaire de quelqu’un et d’insister sur sa façon de s’habiller. Les évangiles décrivent l’ascétisme sévère, rigoureux et austère de Jean Baptiste pour le montrer comme exemple des dispositions pour le meilleur accueil du Messie qui vient. Le Baptiste est très frugal mais par ailleurs, il se nourrit de ce que produit le désert, le désert qui devient ainsi un verger comme dans les promesses, comme le jardin de l’antique paradis. Jean le Baptiste est l’homme du désert, il a choisi de vivre au désert, de s’habiller de peau, de manger des sauterelles et le miel sauvage : c’est un homme libre, libre de tout conformisme, loin de la société de consommation. Il est au désert parce que là il ne se sent pas à l’étroit, il est chercheur, chercheur de sens à sa vie, chercheur d’idéal, chercheur d’absolu, chercheur de Dieu. Nous aussi, dans les déserts de nos villes, nous sommes des chercheurs ; nous cherchons autre chose que ce que nos sociétés d’argent nous proposent ; car le monde moderne nous offre le confort tout en étant incapable de nous offrir un avenir, une espérance. Le Baptiste, cet homme austère et « original » attire des foules. Principalement ceux que le temple ne recevait pas ou ceux que la religion du temple a déçu. L’évangéliste affirme que c’est toute la Judée et tout Jérusalem qui affluent vers Jean. Ceux qui allaient à lui voulaient changer quelque chose dans leur vie, ils cherchaient à se convertir. Nous au contraire, nous sommes attirés par l’aspect extérieur des personnages, par le « look », quitte à nous en désintéresser si on n’a pas les mêmes goûts vestimentaires ou le même discours politique que la société que nous fréquentons. C’est pourquoi l’original qu’est Jean Baptiste, le non conformiste qu’il est, parle littéralement dans le désert de notre époque. Nous écoutons plus volontiers celui qui nous conforte dans nos opinions, plutôt que celui qui nous demande de les changer, qui parle à notre conscience sans mettre de gants. Pas Jean Baptiste. Le cadre : le désert. La route du désert rappelle l’Exode, cet événement fondateur qu’est la sortie d’Egypte suivie de l’entrée en terre promise en passant par le désert et la Mer Rouge. Ce fut le lieu de la tentation et de l’épreuve, mais surtout le lieu des épousailles, de l’Alliance entre Dieu et son peuple. C’est ce cadre qu’il faut retrouver pour préparer la route que le Seigneur empruntera pour arriver à notre cœur, la route où nous cheminons avec le Seigneur. Il y a une spiritualité du désert qu’il faut retrouver. Savoir trouver, dans le désert de nos villes, des temps de prière et de solitude, seul à seul avec le Dieu qui parle au cœur pour nous séduire et faire alliance avec chacun. Prendre une distance à l’égard de nos agendas et obligations professionnelles ou familiales, loin du confort et des facilités, là où il est impossible de se distraire ni de se réfugier dans le superficiel, là où on est dépouillé pour atteindre la vérité de notre être, là où on fait l’expérience que vraiment l’homme vit de la Parole de Dieu. Un temps de solitude et de silence pour nous recharger spirituellement : ça donne du tonus. Les évêques de Belgique nous exhortent à pratiquer (en équipe) la « lectio divina » : approfondir la Parole de Dieu, la lire, la méditer, la « mâcher », la pratiquer, en vivre, en témoigner. Le rite. Jean le Baptiste plongeait les foules dans le Jourdain pour leur donner le baptême de conversion. Il a pris la peine de souligner la différence entre son baptême et le baptême en l’Esprit que donnera le Christ. Son baptême est déjà différent des ablutions rituelles recommandées avant la prière et les sacrifices au temple. A l’époque de Jean Baptiste, surtout chez les Esséniens, des bains étaient pris pour signifier le besoin de purification et de conversion : on aime toujours extérioriser, exprimer ce qu’on a sur le cœur. Le baptême de Jean était une expression – extérieure – de la volonté de conversion, volonté de changer radicalement une conduite mauvaise pour adopter la seule conduite qui plaît à Dieu. Le baptême dans l’Esprit Saint que donne le Christ est totalement différent en ce sens que ce n’est pas la volonté humaine qui est exprimée, mais l’action de Dieu qui recrée, sanctifie, sauve. C’est pourquoi il est efficace, puisque c’est Dieu lui-même qui déploie sa puissance en donnant l’onction de l’Esprit Saint ; c’est pourquoi il ne se répète pas, mais il doit bien entendu se vivre au quotidien. Le temps de l’Avent nous donne l’occasion de préparer la fête de Noël. Oui le Christ est déjà venu, mais nous avons toujours à lui préparer nos cœurs, puisqu’il ne vient pas uniquement à Noël, puisqu’il veut demeurer chez nous. Quand on reçoit un ami, qu’est-ce qu’on ne fait pas pour qu’il trouve qu’on lui a préparé la maison afin qu’il se sente à l’aise, assez pour demeurer bien volontiers. Plus l’ami est cher, plus la préparation sera faite de tout cœur. La chambre que nous avons à préparer est notre « propre » ( ???) cœur pour notre Dieu. Il ne faut pas qu’il le trouve encombré : il y a des choses qui n’ont pas leur place à côté de lui. Notre temple intérieur, notre tabernacle nécessite des préparatifs. Pour nous le faire comprendre, Jean Baptiste a repris la métaphore du chemin que nous trouvons plus explicitée chez le prophète Isaïe. Il s’agit d’un chemin pour notre Dieu, il est question de marche, de démarche… et de rencontre, la rencontre de Dieu. Il y a donc les ravins à combler : tous nos manques d’amour, nos pauvretés, nos fragilités, toutes les vallées creusées par la jalousie, l’envie, la volonté de domination ; nos doutes ; le pardon à donner, les injustices à réparer et les incompréhensions à dissiper…
nos péchés d’omission. Il y a les montagnes à rabaisser : nos démesures, nos orgueils et égoïsmes, nos suffisances, nos indifférences et nos mépris. Il y a aussi les passages tortueux : nos ruses et mensonges ou échappatoires, nos déviances… au lieu d’être vrai. Il y a du pain sur la planche, car on n’a jamais fini de se convertir. C’est le chantier de toute une vie. Le tout est de ne pas relâcher la volonté de changer. Ne soyons pas nous-mêmes obstacle à l’Envoyé que Dieu dépêche pour nous libérer. Que l’Esprit dans lequel le Christ nous a plongés au baptême, nous aide à avoir assez de lucidité et de discernement pour savoir comment aplanir la route de notre cœur ; qu’il nous accorde le courage et la persévérance d’une conversion radicale, sincère et permanente. Soyons aussi pour les autres des Jean Baptiste qui portent la parole de Dieu dans notre entourage. Et ce ne sont pas les occasions qui manquent. Allons parler dans les déserts de nos villes, allons y préparer la route du Seigneur, car elle ne passe pas uniquement par notre cœur, elle veut atteindre tout être vivant. Allons aider nos contemporains à combler tout ravin, à abaisser tout escarpement, à redresser tout passage tortueux.
C’est urgent, voici le Seigneur qui vient.

Commentaire de Père Jean.

2ième dimanche de l’Avent   Marc 1, 1 – 8 Prédication de Jean  le Baptiste

Commencement de l’évangile de Jésus Christ, Fils de Dieu.

Le prophète Isaïe avait  écrit : ‘’Voici que j’envoie mon messager en avant de toi, pour ouvrir ton chemin.Voix de celui qui crie dans le désert : ‘Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers’.

Alors Jean, celui qui baptisait,  parut dans le désert. Il proclamait un baptême de conversion pour le pardon des péchés.

Toute la Judée, tous les habitants de Jérusalem, se rendaient auprès de lui, et ils étaient baptisés par  lui dans le Jourdain, en reconnaissant publiquement leurs péchés.  Jean était vêtu de poil de chameau, avec une ceinture de cuir autour des reins. ;  il se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage.

Il proclamait : « Voici venir derrière moi celui qui est plus fort que moi : je ne suis pas digne de m’abaisser pour défaire la courroie de ses sandales. Moi, je vous ai baptisés avec de l’eau : lui vous baptisera dans l’Esprit Saint. »

Le tout premier verset de l’évangile, comme je l’ai signalé, énonce le parcours  de foi que Marc propose pour le disciple de Jésus. Foi en l’homme Jésus en observant ses faits, paroles et gestes. A mi parcours de l’évangile il faut exprimer sa foi dans le Christ Jésus, donc le Messie, tel que Pierre la professera (Mc 8,29). C’est en fin de parcours quand Jésus vient de mourir sur la croix qu’un centurion romain (donc un païen) voyant qu’il avait ainsi  expiré, dit : « Vraiment, cet homme était Fils de Dieu »(Mc 15,39). La voilà la Bonne Nouvelle à découvrir en suivant Jésus et ainsi  devenir son disciple .Marc fait précéder cette bonne nouvelle par le mot : ‘commencement’ qui n’est pas la même notion que ‘début’ qui évoque un point de départ ‘ponctuel’, tandis que ‘commencement’ évoque une durée, voire un éternel recommencement . En grec le mot archè peut se traduire par ‘ce qui commande’ ou ‘le fil rouge’ déjà tracé . Marc par ce petit prologue nous met sur la bonne route pour devenir croyant. Lire son témoignage de foi pour qu’il devienne le nôtre.

Marc introduit aussitôt un écrit du prophète Isaïe, 40,1, dans le deutero-Isaïe ; le peuple juif est alors en exil à Babylone, loin de Jérusalem : ‘consolez  mon peuple’ dit Dieu : il y aura un retour vers la mère patrie ! Un messager sera envoyé au devant de toi (le Messie), pour préparer ta route. Entre Babylone et Jérusalem il y a un désert ; c’est  là  la voix de celui qui crie… Celui qui crie est Dieu qui nous apporte le réconfort, mais il a besoin de la voix de Jean, et aujourd’hui de nos voix, pour dire : préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers. Interprétation de Marc : le peuple juif est en exil, le Messie ouvrira le chemin du retour, mais il y aura un précurseur pour préparer sa venue en rendant droit les sentiers pour la rencontre avec Dieu  . Je traduis pour nous. Notre monde est en exil loin de Dieu, le Christ viendra nous ramener vers là où Dieu demeure. Il y aura un précurseur qui nous invitera à préparer la route, c’est à la suite de Jean le Baptiste, de nous aujourd’hui. Comme tous les croyants, nous avons tous eu besoin de précurseurs qui nous initient à la foi par leurs faits et gestes, par leur être, de vrais ‘précurseurs’ , alors que nous aussi sommes appelés à être précurseurs à notre tour pour donner le goût de la rencontre avec Jésus ; nos chemins sont si souvent tortueux menant à une fausse image de Dieu. Le livre du réconfort nous ouvre la voie de l’espérance.

Aussitôt de façon assez brusque il est question de Jean sans autre présentation , en principe nous ne connaissons pas le personnage. En relisant l’évangile nous saurons que c’est Jean le Baptiste. D’emblée le précurseur est présenté comme celui qui baptise dans le désert ; ‘son’ baptême est le signe de la volonté du baptisé de changer de cap (notre conversion) en vue du pardon de nos péchés. En vue de : c’est dire que celui qui vient derrière lui, c’est lui qui sera source de pardon de nos péchés. N’oublions pas que dans la Bible ce que nous traduisons par péchés, sont nos échecs à vivre notre statut d’image de Dieu. ‘Péchant’ nous ratons notre cible ! Pardonner est en grec : ouvrir un avenir !.

La dessus, Marc  note que tous les habitants de Jérusalem et de Judée se font baptiser par Jean, un ascète si on voit ce dont il se nourrit et se vêt. A présent le baptiste témoigne qu’il est précurseur de quelqu’un qui « est derrière lui ». Sommes-nous conscients de notre identité de précurseur ? et plein de gratitude pour les précurseurs que nous avons eus ? 

 Jean enchaine qu’il n’y a pas de comparaison entre ce mystérieux personnage et lui l Il est plus fort que moi , et moi je ne suis pas digne de m’abaisser et faire ce travail d’esclave que de défaire la courroie de ses sandales. Cette comparaison prendra un jour une autre expression : lui doit grandir et moi diminuer. D’emblée les choses sont claires entre eux deux: moi je baptise avec de l’eau, lui vous baptisera dans l’Esprit Saint. Le mot ‘baptême ‘ vient du grec qui signifie ‘immerger’ ‘plonger’. Lors du baptême du chrétien l’Esprit de Dieu étant l’amour absolu vient rejoindre l’esprit de l’homme qui est baptisé pour que le chrétien puisse reproduire le ’visage de Dieu’ dans sa façon de vivre.

Considérons ce récit : 1. Nous aussi sommes appelés à être la voix de Dieu qui fait revenir son peuple vers la Terre Promise. Dieu veut avoir besoin de nous et à nous il donne d’être sa voix en nous confiant son Esprit. Sommes-nous conscients d’être précurseur : l’histoire de Jean est appelé à être notre histoire. 2. Jean a trois ‘qualis’ : baptiste, précurseur, témoin. Et nos qualis ? plongeurs pour que l’autre ruisselle, courons nous devant, quels ont été et sont nos précurseurs ? quels sont ceux qui décèlent en nous la voix de Dieu ? 3. Jésus nous baptisera dans l’Esprit Saint : l’invoquons-nous pour nous-mêmes .Viens Esprit  Saint ?   

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