« Cheminer ensemble » après Pâques
La résurrection de Jésus signe sa nouvelle présence auprès des siens et dans le monde. Désormais Il vit en eux, et c’est à eux d’agir à sa suite pour transformer ce monde épris de haine et de conflits. Agir selon son Esprit.Le temps pascal est donc le temps des disciples, le temps de l’Eglise. C’est, semble-t-il, le temps le mieux indiqué pour les disciples de requestionner leur conscience identitaire et finalitaire. Qu’est-ce qui fait, en fait, l’identité du disciple et de l’Eglise de Jésus Christ ? Quelle est la finalité fondamentale pour laquelle on est chrétien et on évolue dans l’Eglise ? Il y va de la survie de l’Eglise, de son nouveau printemps et de celui du monde dont elle est le ferment.La démarche synodale à laquelle le Pape invite les disciples réunis en Eglise exige de chaque fidèle du Christ de d’abord s’arrimer à son identité fondatrice afin de mieux se donner aux autres et de cheminer avec eux dans la vérité de soi.L’enjeu est vital : Comment en effet dans une société plurielle demeurer au milieu des autres sans perdre ou déteindre son identité, ni mépriser et écraser celle des autres ? Comment l’Eglise de Jésus Christ pourra-t-elle rester audible et faire sens aujourd’hui pour un monde trop changeant et ultra progressiste, quel est le prix à payer par l’Eglise pour s’ajuster à un tel monde, quel est le contenu de cet ajustement pour une Eglise qui se veut sel, levain et lumière du monde ? Autant de questions qui ne demandent pas seulement la
réflexion intellectuelle et le management de l’institution, mais aussi et surtout l’écoute de la Parole, et la sagesse de l’Esprit Saint. Qu’à cela ne tienne, dans l’attente de l’effusion plénière de l’Esprit qui a toujours orienté l’Eglise dans ses grands tournants décisifs comme ce l’est aujourd’hui, les saintes écritures nous recentrent sur l’essentiel : « C’est à l’amour que vous aurez les uns pour les autres, nous dit Jésus, que le monde reconnaîtra que vous êtes mes disciples » (Jn 13, 35). « Ne prenez pas pour modèle le monde présent, mais transformez-vous en renouvelant votre façon de penser » (Rm 12, 2).La passion légitime du disciple et de l’Eglise de s’ajuster à un monde toujours changeant ne doit pas leur faire perdre de vue que le renouvellement de l’homme intérieur doit précéder toute prétention de réforme institutionnelle. « Nettoyer d’abord l’intérieur de la coupe afin que l’extérieur devienne net (Mt 23, 26) ». Sans la conversion des cœurs et la recherche de sainteté, toute réforme institutionnelle restera un coup d’épée dans l’eau.Point besoin donc de confondre l’essentiel et les accessoires, le fond et la forme, ou de sacrifier l’un au profit de l’autre. Surtout pas de « cheminer ensemble » en allant nulle part, en naviguant à vue loin de la sainteté qui est notre cap. « Discerner quelle est la volonté de Dieu : ce qui est bon, ce qui est capable de lui plaire, ce qui est parfait », nous conseille St Paul.En ce monde où les chrétiens deviennent de plus en plus minoritaires, seul notre témoignage de vie nous rendra crédibles, et signifiants dans le panthéon des religions et idéologies du monde contemporain. En union de prières persévérantes avec Marie la mère de l’Eglise, marchons ensemble sur le chemin de l’espérance et témoignons avec force de la résurrection du Seigneur Jésus. Dans l’attente de la venue prochaine de l’Esprit Saint.
Joyeux temps pascal à toutes et à tous dans la dynamique synodale,
Wilfried IPAKA KEBADIO