A la fin de la longue marche du carême, cette question a toute son importance. D’énormes efforts ont été fournis par chacun dans les domaines de la prière, de la pratique de la charité et de privations. Nous voici enfin à Pâques, sommet de tout. Qu’est ce qui change ? Objectivement, la résurrection de Jésus n’a rien changé : Le monde autour de nous est resté le même ; le même humain avec son cœur endurci et ses travers. L’exploitation de l’homme par l’homme continue, les discriminations (race, genre, conditions de vie), les injustices, la violence, les maladies, les guerres, les crises continuent comme avant. Et alors ?
C’est au niveau de l’intériorité de chaque baptisé uni à lui par le lien du baptême, que la résurrection de Jésus bouleverse tout : son cœur, sa perception des choses, ses motivations, son agir et ses réactions, ses finalités dernières…Tout a changé ou le devrait, l’homme subjectif et son monde intérieur. Le baptisé devient « une créature nouvelle ». Il gagne en connaissance du Christ accueilli dans sa totalité, souffrant et victorieux. Il sait désormais que la vie n’est pas une partie de plaisir. Souffrir devient pour lui un passage obligé vers le salut, il ne l’esquive pas mais l’affronte comme Jésus. Souffrir pour le Christ devient un gain. Plus, Il désire communier aux souffrances du Christ et compléter au besoin dans sa chair ce qui est en manque. Il veut s’identifier au Christ souffrant pour expérimenter la puissance de sa résurrection. Il sait que sa foi ne le vaccine pas contre la passible condition humaine. Il est convaincu que le Christ ressuscité sera avec lui tous les jours jusqu’à la fin des temps. Avec lui, il peut tout supporter. La victoire est certaine. Les répercussions de la résurrection de Jésus sont en réalité incalculables dans la vie quotidienne du croyant. La résurrection de Jésus est source, motif et puissance pour une vie nouvelle. Vie de témoignage et d’engagement. Mort au péché et vivant pour Dieu (Rm 6n 8-11), le baptisé se voit doté d’une extraordinaire puissance lui permettant de rechercher la sainteté, de braver l’impossible et de se risquer, au péril de sa vie, dans la construction d’un monde nouveau. L’Esprit du ressuscité, l’Esprit saint, Esprit d’amour, Esprit de vie agit en lui. Et le fait agir, le rassure. Le secours de la grâce est garanti. Que nous reste-t-il donc à faire ? Après la résurrection, c’est notre tour à nous d’écrire, en tant qu’apôtres missionnaires de
ce temps, nos « actes des apôtres » par un témoignage éloquent de Jésus ressuscité, et un engagement renouvelé pour la consolidation de notre communauté des croyants. …Dans l’attente de la venue plénière de l’Esprit Saint.Belle et sainte fête de Pâques à tous et à toutes.
Wilfried Ipaka Kebadio