« La grande vision que la Toussaint nous offre n’est pas naïve. Elle témoigne bien sûr d’une grande confiance et d’une grande espérance.
Avec la création, Dieu a entrepris quelque chose de très risqué et qui est constamment menacé. Dans son encyclique Laudato si le pape François appelle à se préoccuper de la création. Il montre comment le souci pour la conservation de la nature et celui d’une humanité authentique vont de pair. Il plaide pour une écologie intégrale.
Néanmoins, une question subsiste ; cette création réussira-t-elle un jour ? Tant de choses nous font douter, qui nous désespèrent même quelquefois. Bien sûr, c’est dans ce monde que le Christ est venu. Mais qu’est-ce qui a changé ? Tout ne suit-il pas son cours ? Ce monde peut-il changer ? Peut-il être sauvé ? Puis-je moi-même changer ?
C’est ce qui nous est annoncé lors de cette grande fête : Dieu nous a appelés à une vie nouvelle et impérissable. Ce qu’il a entrepris, il l’achèvera également. Dans les Béatitudes, le Seigneur nous invite à quitter une vie qui se satisfait à elle-même. Il veut nous sensibiliser à ce qu’il considère comme important. Il veut nous enseigner ce que sont l’amour, la fraternité et la solidarité. Ne pensez pas : je ne peux pas faire cela, cela n’est pas pour moi. La sainteté n’est pas réservée à quelques personnes exceptionnelles. Les saints sont justement ceux qui sont conscients de leurs faiblesses. Ils savent qu’ils sont aimés gratuitement par Dieu et ainsi rendus capables d’aimer. Tel est le sens de la fête de la Toussaint : elle nous donne beaucoup de joie, beaucoup d’espérance et beaucoup de courage pour être chrétien aujourd’hui, disciples du Christ, en toute simplicité : des saints.
Comme Mère Teresa l’a dit un jour : « la sainteté n’est pas un luxe réservé à quelques-uns, c’est un simple devoir pour tous ». Ne pensez pas que c’est impossible. Ne pensez pas que vous êtes seuls. Pensez
aux multitudes innombrables. »
Mgr Joseph De Kesel
A propos de la sainteté, (Wilfried Ipaka)
Contrairement à ce que nous pensons souvent, la sainteté n’est pas la sanction que le Dieu juste réserve à la fin de leur vie ceux qui n’ont pas commis de péché. Elle n’est pas non plus un état d’être qu’on ne
pourrait appliquer qu’à ceux qui ont la virginité et la rectitude morale. Le Père qui nous a créés à son image et à sa ressemblance est Saint. Nous sommes tous saints de par notre filiation divine. Comme si cela ne suffit, le Père destine et invite tous les hommes à la sainteté. Dans l’Église primitive comme le démontre les épitres de Paul, les chrétiens se désignaient mutuellement comme des saints. Les saints proclamés officiellement par l’Église ne sont pas tous les saints. La fête de Toussaint est là pour nous le faire savoir. Ceux-là sont une infime minorité que l’Église élève en modèles d’imitation dans un secteur précis de la vie de foi. Cela ne signifie nullement qu’en vivant sur terre, ils n’avaient jamais commis de péché. L’Église veille à ce que les fidèles du Christ ne manquent pas de modèles sur la route de la foi. Ainsi leur offre-t-elle diverses figures de sainteté, de toutes les époques, de toutes les catégories sociales,
de tous les sexes et les âges, de toutes les races, de tous les corps de métiers… Oui il y a eu avant nous des chrétiens confrontés, autant que nous et parfois même plus, aux mêmes problèmes de vie ; Ils les ont surmontés par la lumière de l’évangile et de la foi. Ils y ont trouvé le motif et la force de vivre, d’avancer et d’espérer. Ce qui a été possible pour eux, peut l’être aussi pour nous aujourd’hui.
Nous sommes tous potentiellement saints, la sainteté est à notre portée. L’Eglise a tout mis en œuvre pour que nous ne manquions de rien sur notre parcours de sanctification. Les sacrements nous munissent de toutes les grâces sanctifiantes et prévenantes utiles.Être saint, c’est être appelé à être et à faire toujours plus dans le bien jusqu’à la rencontre ultime avec celui qui donne l’être et l’existence.