Ivraie ou bon grain, qui es-tu ?

Vénuste

Le Tout-Miséricordieux. De la première lecture à l’évangile, et en passant par le psaume, il est question d’un Dieu dont l’amour et la puissance se manifestent à leur mieux par une patience et une miséricorde infinies envers tous.

1re lect. : Sg 12, 13.16-19
Ps : 85, 5-6, 9ab-10, 15-16ab
2e lect. : Rm 8, 26-27
Évangile : Mt 13, 24-43 (ou brève : 24-30)

 

Matthieu 13, 24-43 : trois autres paraboles qui parlent du Royaume. Une force interne irrésistible, quoique invisible et insignifiante pour les humains, travaille lentement mais sûrement à l’avènement du Royaume, elle triomphera du mal qui lutte pour la contrecarrer. Il faut la patience de Dieu pour un résultat si éclatant, nous avons à lui faire confiance : même l’ivraie peut devenir du bon blé. Car Dieu veut la conversion du pécheur, il lui accorde le temps qu’il faut. Nous n’avons donc pas à chercher à « purifier » le monde de ceux que nous avons classé « méchants » : le jugement n’appartient qu’à Dieu seul, car nous pouvons prendre le blé pour l’ivraie et inversement, autant les laisser croître ensemble.

Dimanche dernier, nous avons médité la parabole du semeur qui parlait de la qualité du terrain où la semence de la Parole de Jésus est semée et exhortait à nous débarrasser des ronces, des épines et de la pierre. Aujourd’hui nous avons trois autres paraboles dont deux inspirées du monde agricole encore une fois, et dont une est expliquée par Jésus lui-même au cours d’un approfondissement « à la maison », à l’adresse de ceux qui cherchent à comprendre davantage (comme quoi il y a une première annonce aux foules – kérygme – à la volée, mais ensuite une catéchèse pour ceux qui veulent entrer plus en profondeur).

Dans la première des trois paraboles, il s’agit d’un homme qui a semé du bon grain dans son champ de blé. Mais il a un ennemi décidé à compromettre la moisson, qui se cache pour accomplir ses méfaits et, de nuit, semer de l’ivraie (le terme grec pour traduire l’ivraie, a donné en français le mot zizanie). Les serviteurs du maître qui connaissent bien l’ivraie et qui ont sarclé en temps opportun (la pratique agricole veut qu’on soit souvent dans le champ à la chasse de mauvaises herbes), vont la remarquer au moment où la tige produit l’épi. Ils proposent à leur maître d’arracher l’ivraie tout de suite (c’est ainsi qu’on fait habituellement), mais celui-ci a sa méthode et ses convictions : les laisser pousser ensemble, de peur qu’en enlevant l’ivraie, on n’arrache aussi le blé (ils se ressemblent fort) ; après tout, la moisson se fera et à ce moment on pourra les séparer. La parabole du semeur montrait Dieu déjà déraisonnable selon la soi-disant sagesse humaine ! Mais en voulant écarter un pécheur, ne risque-t-on pas d’arracher un fils de Dieu ? Il arrive que pour être sûr d’avoir atteint tous les coupables, des innocents soient sacrifiés en même temps.

Dans la Bible, la moisson signifie le jugement dernier. Mais ici la pointe de la parabole est sur la phrase : laissez-les pousser ensemble jusqu’à la moisson. Parce que nos méthodes, à nous les humains, sont expéditives, radicales et impitoyables, nos jugements sans appel : nous avons vite fait de coller des étiquettes aux « mauvais », nous nous donnons la noble mission de les éliminer puisque Dieu ne s’en charge pas (le djihadiste se croit en mission de tuer aveuglément et abondamment pour « venger » Dieu). Malheureusement nous voulons toujours enlever la paille dans l’œil du prochain avant d’avoir enlevé la poutre qui est dans le nôtre ! Et c’est ainsi que nous sommes aveuglés, nous manquons de discernement et nous arrachons le blé en croyant enlever l’ivraie. Nous voulons purifier le temple, le monde et l’Eglise. Nous voulons une communauté de « purs » (le mot « pharisien » signifie le pur ; de même « cathare »). Jean Baptiste avait prédit un Messie de cette trempe (« la hache est déjà à la cognée de l’arbre », disait-il), et quand il verra que Jésus fait bon accueil aux pécheurs (au lieu de les exclure impitoyablement comme faisaient les chefs religieux), il enverra des messagers lui demander si c’est bien lui le Messie attendu. Les Zélotes se croyaient autorisés d’utiliser les grands moyens, même la violence… comme plus tard l’inquisition, les croisades, les excommunications, la chasse aux sorcières, ou tout terrorisme (fanatisme) qui manipule la religion. Vous avez certainement déjà reçu, à partir des lieux d’apparitions, des messages pleins de menaces incroyables pour ceux qui ne croient pas aux apparitions et à leurs « révélations ».

Homélie de Vénuste :


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Méditation du Père Jean :


Lire la méditation

Dieu de patience et de miséricorde,
tu as semé en nous quelque chose que l’œil ne peut voir.
Nous te rendons grâce d’être ainsi à l’œuvre dans notre existence.
Fais grandir en nos cœurs la foi en la puissance cachée de ta Parole,
au travail invisible de ton Esprit.
Que la semence du Royaume soit plus forte en nous que toute herbe mauvaise.
Exauce-nous par Jésus-Christ
en qui tu nous aimes pour les siècles des siècles. Amen !

Catégories : Textes divers