Quelques brèves évocations de la célébration liturgique de ces trois jours qui évoquent le sommet de la vie chrétienne

Jeudi Saint : Cène du Seigneur évoquée en Paul (1 Cor 11, 23-26) et signifiée en Jean : lavement des pieds

Paul nous parle de ce que lui-même a reçu du Seigneur et qu’il nous transmet de ce que la nuit où Jésus fut livré a fait : ‘Il a pris du pain, puis ayant rendu grâces il le rompit, et dit : « Ceci est mon corps, qui est pour vous (traduction du grec : ‘le corps de moi, le pour vous’). Faites ceci en mémoire de moi’. Faire mémoire n’est pas être invité à retrouver le passé, mais faire passer le passé dans notre présent ! Après le repas, il fit de même avec la coupe, en disant : « Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang. Chaque fois que vous en boirez, faites-cela en mémoire de moi. » Paul ajoute : ‘Ainsi donc, chaque fois que vous mangez ce pain et que vous buvez à cette coupe, vous proclamerez la mort du Seigneur jusqu’à ce qu’il vienne’. Dans ce récit le corps est un mot essentiel : ‘Père, tu m’as formé un corps et me voici, je viens faire ta volonté’(Hébreux). La volonté du Père s’exprime par le corps de Jésus, son regard, son écoute, sa parole, sa main tendue, sa démarche, son cœur qui exprime son bonheur. C’est ce corps-là que Jésus nous demande de manger (manger c’est prendre à nous afin que nous assimilions cette nourriture pour en vivre).De même l’image du sang comme signe de vie (un ‘exsangue est voué à mourir) ; mais il s’agit de ‘mon sang’ qu’il va verser pour nous en sa mort pour signifier que la nouvelle Alliance est source de vie. A nous de le boire. Ce faisant, manger et boire sont les signes que nous adhérons à cette nouvelle Alliance et que nous savons être appelés à proclamer la mort du Seigneur jusqu’à ce qu’il vienne. Notre vocation !

Jean évoque le ‘contexte’ de ce qui va se passer : ‘Avant la fête de la Pâque, sachant que l’heure était venue pour passer de ce monde à son Père, Jésus ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’au boutJésus sachant que le Père lui a tout remis entre ses mains, qu’il est sorti de Dieu et qu’il s’en va vers Dieu, va se lever de table (Jean ayant longuement en son chapitre 6 évoqué le don de Jésus, de sa chair et de son sang, une vraie nourriture et une vraie boisson, n’éprouve pas le besoin de mentionner ce que les synoptiques ont dit à propos de ce qui s’est passé avec le pain et la coupe, Jean donc a retenu un autre signe dont la signification est très similaire à celle des synoptiques. Il se lève donc de table, dépose son vêtement (sa dignité de ‘maître’) prend un linge qu’il se noue à la ceinture, verse de l’eau dans un bassin et se met à laver les pieds de ses disciples, à les essuyer ensuite avec le linge noué autour de sa taille (travail d’esclave). Pierre refuse ce geste, Jésus y répond que c’est là un geste essentiel pour avoir ‘part avec Jésus’. ‘En ce cas, dit Pierre, non seulement les pieds, mais aussi les mains et la tête’ ‘Cela suffit’,dit Jésus. Jésus reprend son vêtement, se remet à table et dit : « Comprenez-vous ce que je viens de faire pour vous ? Vous m’appelez ‘Maître’ et ‘Seigneur’, vous avez raison…Si moi le Seigneur et le Maître, je vous ai lavé les pieds, vous aussi , vous devez vous laver les pieds les uns aux autres. C’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous. En vérité je vous le dis : un serviteur n’est pas plus grand que celui qui l’envoie. Faisant cela, vous serez heureux, si du moins que  vous le mettiez en pratique ». 3 choses à retenir de ce signe, nous dit jésus : 1. Le  maître (Dieu en Jésus) se met au service de ses serviteurs (en flamand godsdienst) !2. Entre les disciples que ce soit pareil : tous serviteurs au service des autres. 3. Bonheur assuré si vous mettez cela en pratique !

Vendredi Saint : Célébrer la Passion de notre Seigneur Jésus Christ.  Quatre éléments en cette célébration : a. la Passion de Jésus évoquée par Isaïe (AT), commentée par les Hébreux et ‘récitée’ en Jean, b. La prière où l’univers est pris en considération pour soumettre à Dieu toutes nos demandes à ce propos, c. la vénération de la Croix par tous les fidèles présents qui en procession par un geste d’affection, expriment leur reconnaissance au Christ pour le don de lui-même. d. la communion au Corps du Christ.

Etonnant Isaïe commençant sa vision prophétique par ces mots : Mon serviteur réussira, il montera, il s’élèvera, il sera exalté. Alors qu’il va décrire le serviteur souffrant en des termes très forts : ainsi il sera défiguré, plus d’apparence d’un homme, une racine en terre aride, méprisé abandonné des hommes, homme de douleurs. En fait il portait nos souffrances. Et nous pensions qu’il était frappé par Dieu, humilié. A cause de nos révoltes il a été transpercé et nous tous, errant comme des  brebis. Lui n’ouvre pas la bouche, conduit à l’abattoir comme une brebis muette, retranché de la terre des vivants…Le juste justifiera la multitude, Il se chargera de leurs fautes, compté avec les pécheurs, alors qu’il portait le péché.

Jean dans l’évangile de la Passion suit en gros le déroulement des autres évangélistes : Toutefois Jean  montre des spécificités. 1. Jésus ‘domine’ son procès . Ainsi lors de l’arrestation : c’est lui qui va au devant de la troupe : « Qui cherchez-vous ? » ‘Jésus le Nazaréen’ « C’est moi, je le suis » Tous tombent par terre. Une deuxième fois : « Qui cherchez-vous ? » ‘Jésus le Nazaréen’ « Si c’est bien moi que vous cherchez, ceux-là (ses disciples) laissez-les partir ». Jésus dit à Pierre : « Remets ton épée au fourreau. Vais-je refuser la coupe que mon Père me donne à boire ! »…Devant le grand prêtre qui l’interroge sur sa doctrine, la réponse est nette : « …Je n’ai jamais parlé en cachette. Pourquoi m’interroges-tu ? Demande-le à ceux qui sont venus m’écouter, eux savent. » …Et devant Pilate qui lui dit : ‘Es-tu le roi des Juifs ?’ Jésus répond par une question : « Dis-tu cela de toi-même, ou  d’autres te l’ont dit ? » ‘Suis-je donc juif, moi ?’ Jésus de répondre : « Ma royauté n’est pas de ce monde ; si ma royauté était de ce monde, j’aurais des gardes ! » ‘Tu es donc roi ?’. « C’est toi qui dit que je suis roi. Je suis né, je suis venu dans le monde pour ceci : rendre témoignage à la vérité. Tout homme qui appartient à la vérité écoute ma voix » ‘Qu’est-ce que la vérité ?’..  2.  Le procès devant le sanhédrin comporte quelques versets alors que le procès devant Pilate est relaté au long et au large : Par trois fois Pilate fait le va-et-vient entre Jésus et les responsables juifs entourés de la foule devant le prétoire. Visiblement Pilate sent que les arguments de ces derniers sont dictés par la jalousie et lui veut un procès équitable. Lorsque la troisième fois les Juifs disent : ‘Si tu le relâches, tu n’es pas un ami de l’empereur’, Pilate prend peur d’être dénoncé lui-même à Rome. Pilate fait sortir Jésus l ‘Voici votre roi’. ‘A mort’ ‘Vais-je crucifier votre roi ?’  ‘A mort, crucifie-le’ ‘Vais-je crucifier votre roi ?’ ‘Nous n’avons pas d’autre roi que l’empereur !’ Pilate livre Jésus pour qu’il soit crucifié.  3. Jean connaît trois ‘paroles’ que Jésus en croix a prononcées. a.  Près de la croix se tenaient sa mère ainsi que Marie-Madeleine et le disciple que Jésus aimait. ‘Voyant la mère et près d’elle le disciple que Jésus aimait, dit à la mère : « Femme, voici ton fils » et au disciple : « Voici ta mère ». A partir de ce moment le disciple la prit chez lui. b. « J’ai soif » Soif du bonheur qu’il entend donner à tout homme parce qu’il est témoin de la miséricorde du Père .c. « tout est accompli » qu’on peut aussi bien traduire par :’le but est atteint’ l’octroi du pardon. 4. Spécifique à Jean, ce qui se passe après que Jésus ait remis son esprit. A la demande des Juifs Pilate ordonne que les corps soient retirées pour le jour de pâque juive. Des soldats brisent les jambes des deux malfaiteurs pour précipiter la mort, alors que remarquant que Jésus est déjà mort un des soldats lui perce le côté et aussitôt il en sortit du sang et de l’eau. Celui qui a vu, rend témoignage afin que vous aussi vous croyiez. Son témoignage est véridique et le Seigneur sait qu’il dit vrai. Ce témoin est sans doute Jean.

La Vigile Pascale. Samedi saint au soir. C’est déjà la Résurrection qui est la vie nouvelle pour le chrétien comme participant à Jésus Vivant . Cette nouveauté est exprimée par un feu nouveau, par la bénédiction du cierge pascal symbolisant Jésus vivant au milieu des siens : sa lumière est transmise à chacun des membres de la communauté éclairée par tous les cierges allumés. On chante la louange à cette Lumière . Pour toute l’assemblée il y a des lectures de l’Ancien Testament qui relate l’histoire de Dieu avec les hommes : la genèse, l’exode, les prophètes et l’apôtre  Paul, suivi du récit évangélique de l’événement pascal. Suit alors la bénédiction de l’eau baptismale, car en cette nuit pascale il y a la Rénovation de la profession de foi baptismale : Tu es mon fils, en toi je suis bien révélé. Réentendre cette voix et en vivre.

Catégories : Homélie