Isaïe 9, 1-6 : au peuple écrasé par les guerres et l’esclavage, le prophète annonce une bonne nouvelle : la naissance d’un nouveau chef qui apportera la paix et la liberté. Cette annonce vaut bien plus encore pour le petit enfant de la crèche, à la condition qu’elle soit purifiée des propos guerriers.
Tite 2, 11-14 : Jésus apporte le salut et le bonheur à ceux qui vivent dans le monde présent en hommes raisonnables, justes et religieux.
Luc 2, 1-14 : la Bonne Nouvelle, l’Evangile, ce n’est pas d’abord un texte, mais la Personne de Jésus dont la naissance a eu lieu dans la petite localité de Bethléem, la cité de David, pour qu’il soit de la lignée de David. Joseph et Marie, sa Mère, étaient en voyage. La naissance est annoncée aux gens les plus méprisés de l’époque, les bergers. Tout cela s’est passé de façon très ordinaire, mais l’événement va bouleverser le monde entier… ça fait deux mille ans.
Isaïe 52, 7-10 : le Seigneur a consolé son peuple. Le prophète invite à la joie. Noël est une fête de la lumière et de la joie. Mais il ne faut pas que ce soit superficiel, à la surface : notre joie doit être dans le cœur et pour toute la vie.
Hébreux 1, 1-6 : notre Dieu est un Dieu qui parle, qui communique. Il l’a fait par les prophètes, et dans les derniers temps, il a parlé par son Fils, « expression parfaite de son être ». Désormais celui qui veut connaître Dieu, écoutera Jésus.
Jean 1, 1-18 : l’évangéliste Jean a connu Jésus pour l’avoir suivi dans sa mission et l’avoir vu ressuscité. Il a compris que Jésus est Dieu ; c’est le Verbe, vraie Lumière, « par lui tout s’est fait et rien de ce qui s’est fait ne s’est fait sans lui ». Tous ceux qui accueillent Jésus, il leur a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu. Sommes-nous du nombre ?
Homélie de Vénuste.
Sans conteste, la fête de Noël est la plus populaire ; elle garde beaucoup de succès, même dans les pays où on s’y attend le moins ou dans les familles auxquelles on n’aurait pas pensé qu’elles y pensent encore (imaginez-vous que Abou Dabi a organisé une compétition pour le plus haut sapin de Noël du monde et donc le plus cher en millions de dollars). Seulement, n’est-ce pas seulement du folklore ? une tradition dont on a perdu tous les repères, du moins le sens le plus primitif, le plus profond ? Combien font la fête sans penser à Jésus (comment vraiment célébrer l’anniversaire de quelqu’un sans penser à lui ?) ! Noël ! Comme cela coïncide avec la fin de l’année, période où on échange les vœux, on fait la fête, mais on ne sait plus la raison profonde : l’accueil de l’espérance du monde, l’enfant-roi, l’Homme-Dieu.
Sous tant de folklore, il reste le désir de lumière, càd la soif de joie, de paix, de partage. La soif d’un bonheur qu’on n’achète pas avec des billets de banque, qu’on n’achète pas dans une grande surface. Finalement tout ce luxe de lumière à travers nos villes et nos villages, c’est l’étoile de Bethléem démultipliée. C’est l’annonce qu’il y a un Dieu, que ce Dieu partage notre histoire, Emmanuel Dieu parmi nous. Ces lumières sont une prière qui s’élève vers les cieux pour que le Seigneur envoie le salut. Noël est un rêve, le rêve d’un monde heureux, fait d’espoir, d’humanité et de paix.
Cette prière a rencontré la décision de Dieu de voler à notre secours. Il l’a fait de façon inattendue : il est descendu en personne à travers son Fils Jésus, qui a pris chair de notre chair, qui s’est fait notre frère de race, né d’une femme, au sein d’une famille connue (la famille de Joseph, de la descendance de David), né à une date bien connue (lors du recensement décrété par l’empereur Auguste, lorsque Quirinius était gouverneur de Syrie), en tout semblable à nous (sauf le péché). Ce n’est donc pas une fable, puisque c’est historique. Ce n’est pas non plus un déguisement comme les dieux de l’Olympe aimaient s’en servir pour se mêler aux mortels. Ce ne fut pas une courte parenthèse : Jésus a partagé notre condition humaine en tout jusqu’à la mort, et même qu’il est mort dans la trentaine sur une croix : depuis sa naissance dans la pauvreté d’une crèche lors d’un voyage (comme si Dieu qui ordonne le mouvement des astres ne savait pas choisir un meilleur moment pour la naissance de son Fils), depuis son exil en Egypte comme un vulgaire demandeur d’asile, depuis sa vie simple de menuisier dans l’atelier de Joseph, depuis sa vie publique de prédicateur itinérant qui n’avait pas où reposer sa tête et qui ne dédaignait pas la compagnie des pécheurs publics (sans refuser non plus l’entrée dans les maisons des « grands » de son époque), depuis cette mort sur la croix, la plus ignominieuse qui soit… Jésus s’est vraiment fait l’un de nous, sans faire semblant, sans jouer la comédie. Il s’est abaissé le plus bas pour que personne ne se croie soustrait à son amitié, il s’est fait le plus petit des hommes pour que personne ne se sente gêné, indigne, de l’approcher… Il a pris sur lui la condition humaine, même la plus dure, la plus basse… personne ne dira qu’il est étranger à ce qu’il vit, à ce qu’il expérimente.
Mais qui est-il donc ? Rappelons-nous les débuts de l’Eglise, et les débuts de la réflexion chrétienne. Un homme a circulé la Palestine en enseignant, en faisant des miracles. Puis il est mort, non « de belle mort », non pas dans son lit, mais sur une croix, comme le pire des salauds. Mais voilà que trois jours plus tard, il ressuscite, il est plus vivant que jamais puisqu’il ne peut plus mourir. D’où la question « qui est-il vraiment ? », question qui avait accompagné toute sa vie, mais qui devient encore plus essentielle après sa résurrection, après son ascension, après la Pentecôte. Ce qu’il est, l’est-il adulte seulement ou l’était-il bébé déjà, à la conception… ? C’est de là que sont nés les « évangiles de l’enfance » (que nous avons en Matthieu et Luc) et le prologue de St Jean qui est plus théologique et plus explicite : « le Verbe était Dieu. Il était au commencement auprès de Dieu. Par lui, tout s’est fait et rien de ce qui s’est fait ne s’est fait sans lui. Et le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous, et nous avons vu sa gloire… » Et voilà le « mystère » : vrai homme et vrai Dieu à la fois !
Il est difficile de se faire une idée de l’Homme-Dieu. Notre raison humaine trébuche là-dessus, même les grands esprits extraordinairement doués et rompus à toutes sortes de sciences (rien à voir avec la science : il l’a révélé aux tout petits). Est-ce que, dans l’homme Jésus historique, la divinité ne domine pas l’humanité ? Est-ce que l’humanité n’engloutit pas la divinité ? Comment les 2 natures font l’unité ensemble sans que l’une n’absorbe l’autre ? Quelle conscience en avait le Christ lui-même ? Et si l’on admet cela malgré tout l’illogisme, pourquoi se faire bébé, pourquoi ne pas venir dans le monde en homme adulte avec l’omniscience et la toute-puissance, au lieu de se faire enfant, « infans » (littéralement incapable de parler… lui le Verbe éternel), nu, désarmé, vulnérable, mendiant la tendresse et la protection, dépendant et totalement soumis ? Il aurait pu au moins naître dans un palais : au lieu de cela il est né chez des pauvres gens, au cours d’un voyage comme s’il avait mal choisi son moment, dans une mangeoire ! Il est donc difficile de raisonner sur ce qui est écrit noir sur blanc dans le Credo. Difficile de concilier les deux affirmations que Jésus était vrai homme et qu’il était vrai Dieu.
Dieu descend de son ciel, pour se mêler à nous. N’est-ce pas le message de Noël, le partage ? Nous mêler les uns aux autres, nous frotter les uns aux autres, nous passer cette flamme qu’est la joie contagieuse ? N’est-ce pas ce qui manque à nos Noëls : nos lumières restent sur le sapin et à nos fenêtres, nous ne nous rencontrons pas, nous ne partageons pas, aucune rencontre n’illumine notre cœur ni notre visage. Même notre religion reste du chacun pour soi. Descendons de notre nuage !
Ce que nous savons – sans peut-être savoir l’expliquer, mais qu’importe – c’est que Dieu a mis toute sa tendresse et son amour dans la fragilité et le visage d’un nouveau-né. L’Enfant-Dieu est là. Il n’est pas une énigme à déchiffrer, une équation à plusieurs inconnus. C’est une Personne qui apporte l’amour et qui demande à être aimé. Et pour nous, en cette solennité de la Nativité, c’est l’Enfant-Dieu à adorer, à contempler : nous avons vu sa gloire, nous dit St Jean.
Noël casse l’image d’un Dieu tout-puissant, écrasant, caché, lointain, transcendant : dans l’Enfant-Dieu de la crèche, Dieu devient vulnérable, fragile, indigent, aimable plutôt que redoutable, avec le risque de ne pas être reconnu. Tant que Dieu fait gronder le tonnerre, on tremble et on se met à genoux. Sitôt qu’il devient l’un de nous, on passe à côté, on discute sa parole, on lui fait le procès… ce qui va culminer dans le procès devant Pilate et à la crucifixion. Nous croyons quelques fois que les contemporains de Jésus étaient des privilégiés, mais peu l’ont suivi tandis que la grande majorité lui a tourné le dos. Mais c’est vrai que nous partageons le même risque de ne pas le reconnaître quand il nous visite, quand il vient planter sa tente parmi nous. Si Dieu est devenu l’un d’entre nous, et même le plus petit, le bébé, le pauvre, c’est pour que personne ne se sente indigne de l’approcher, c’est pour ne faire peur à personne. Il ne s’agit donc plus d’escalader les cieux pour y chercher (y trouver) Dieu par l’ascèse ou les doctrines philosophiques : l’humilité de Dieu a fait qu’il a renversé la pyramide, il n’est plus au sommet, il est là tout près pour que tout homme qui le cherche avec droiture puisse le trouver. La crèche est née de cet esprit qui magnifie l’humanité et l’humilité de Dieu.
Cette humilité de la crèche cache l’œuvre grandiose de la rédemption. L’Enfant-Dieu a été posé dans une mangeoire. Une mangeoire, c’est là où on met de la nourriture pour donner la vie aux êtres qui vont manger dedans. C’est déjà un clin d’œil de ce qui va se réaliser à la Cène : le petit enfant qui vient de naître à Bethléem sera nourriture spirituelle pour toute l’humanité. Il a pris corps, et ce corps sera livré : ceci est mon corps, prenez et mangez ; qui mange mon corps, vivra pour toujours ; vos pères ont mangé la manne au désert et ils sont morts, mais celui qui mange mon corps et boit mon sang, aura la vie éternelle. Savez-vous ce que veut dire le nom Bethléem en hébreu ? La maison du pain. Pour St Luc, l’enfant né à Bethléem, couché dans une mangeoire, est déjà le pain de vie ; il est emmailloté dans des langes, càd qu’il est présent de façon invisible dans les sacrements. Bethléem, la maison du pain, c’est la sainte Eglise, où l’on distribue le Corps du Christ, le vrai pain… pour la vie du monde.
Approchez-vous, venez adorer, venez manger.
Commentaire de Père Jean.
En ces jours-là, parut un édit de l’empereur Auguste, ordonnant de recenser toute la terre –ce premier recensement eut lieu lorsque Quirinius était gouverneur de Syrie. Et tous allaient se faire recenser, chacun dans sa ville d’origine. Joseph, lui aussi, monta de Galilée, depuis la ville de Nazareth, vers la Judée, jusqu’à la ville de David, appelée Bethléem. Il était en effet de la maison et de la lignée de David. Il venait se faire recenser avec Marie, qui lui avait été accordée en mariage et était enceinte. Or, pendant qu’ils étaient là, le temps où elle devait enfanter fut accompli. Et elle mit au monde son fils premier-né ; elle l’emmaillota et le coucha dans une mangeoire, car il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune. Dans la même région, il y avait des bergers qui vivaient dehors et passaient la nuit dans les champs pour garder leurs troupeaux. L’ange du Seigneur se présenta devant eux, et la gloire du Seigneur les enveloppa de sa lumière. Ils furent saisis d’une grande crainte. Alors l’ange leur dit : «Ne craignez pas, car voici que je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera une grande joie pour tout le peuple : Aujourd’hui, dans la ville de David, vous est né un sauveur qui est le Christ, le Seigneur. Et voici le signe qui vous est donné : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire. » Et soudain, il y eut avec l’ange une troupe céleste innombrable, qui louait Dieu en disant : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes qu’il aime. Lorsque les anges eurent quitté les bergers pour le ciel, ceux-ci se disaient entre eux : « Allons jusqu’à Bethléem pour voir ce qui est arrivé, l’événement que le Seigneur nous a fait connaître ».Ils se hâtèrent d’y aller, et ils découvrirent Marie et Joseph, avec le nouveau-né couché dans la mangeoire. Après avoir vu, ils racontèrent ce qui leur avait été annoncé au sujet de cet enfant. Et tous ceux qui entendirent s’étonnaient de ce que leur racontaient les bergers. Marie cependant , retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur. Les bergers repartirent ; ils glorifiaient et louaient Dieu pour tout ce qu’ils avaient entendu et vu, selon ce qui leur avait été annoncé.
Récit bien connu et apprécié : j’en fais une relecture pour susciter notre foi en le message.
En 1. L’intitulé liturgique de ce jour n’est pas la naissance de Jésus, mais bien la Nativité de Jésus. La naissance est un signe, le signifié est le mystère de Dieu qui se fait homme à travers toute sa vie d’homme, qu’est l’incarnation :’ lui le sauveur nous est né’, comme l’ange l’annonce aux bergers. Ceux-ci recevront un signe qui s’est produit lors de la naissance de Jésus et qui sera vérifié lorsqu’ils verront l’enfant. Le signe : 1. un nouveau-né 2. Emmailloté 3. Couché 4. Dans une mangeoire. C’est toute la vie de Jésus ainsi résumée. 1. Il nait, comme tout homme pour vivre 2. Emmailloté c’est qu’il assume toutes les limites que tout homme connait jusque dans la mort, recouvert d’un linceul. 3. Couché comme un gisant dans la tombe 4. Dans une mangeoire qui est signe que le ‘Vivant’ nous nourrira.
En 2. Edit de César pour un recensement : déjà ‘rendez à César…’: Jésus lui obéit !.
En 3. A Bethléem (maison du pain), ville de David pour que Jésus soit fils de David Messie.
En 4. La naissance décrite par Luc : « Marie mit au monde son premier-né, elle l’emmaillota, le coucha dans la mangeoire ». C’est tout : pour Marie et Joseph pas d’ange ni lumières. Pour Jésus pas de place pour eux à l’auberge, déjà le rejet que Jésus subira .
En 5. Les bergers grands bénéficiaires de la révélation, eux les rejetés de la société. Image de Dieu-pour-tous, quels qu’ils soient. Présage de Jésus venu pour les pauvres et pécheurs.
En 6. L’ange ‘messager’ debout devant eux, les arrêtant pour changer de but. La gloire de Dieu (de la valeur à ses yeux) les enveloppe de sa lumière, celle qui éclaire le sens de la vie.
En 7.Le message de l’ange : ‘Ne pas craindre, il y a une bonne nouvelle qui sera une grande joie pour tout le peuple. Aujourd’hui vous est né un sauveur qui est le Christ : aujourd’hui d’il y a 2000 ans autant que le jour où nous lisons ce récit. Un sauveur-sauveteur qui vient nous repêcher alors que nous étions immergés dans les échecs à vivre en image de Dieu, et nous partager son souffle pour nous donner de pouvoir respirer. Le signe donné par Dieu : un enfant, emmailloté, couché, dans une mangeoire. Signe : à découvrir la signification..
En 8. Soudain une troupe céleste chante : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, paix sur terre pour les hommes qu’il aime ». Foi en l’incarnation, cadeau du Père apportant la paix.
En 9. Les anges partis, les bergers se concertent : « Allons voir ! » Le voir si important dans ce temps de Noël : voir ce que Dieu nous a fait connaître et y croire. Et ils se hâtent. Pas de temps à perdre. Comme Marie se hâtant lors de la Visitation, les bergers deviendront annonciateurs de la Bonne Nouvelle en en faisant part à Marie et Joseph (eux qui étaient restés dans la ‘ nuit’ de la foi) de la Bonne Nouvelle !!!
En 10. Ils découvrent Marie, Joseph et le nouveau-né couché dans la mangeoire, le signe qui leur avait été donné par l’ange. Ils racontent ce qui leur avait été annoncé au sujet de l’enfant. Eux les simples bergers ont la primeur de l’événement. Ils expriment leur foi en ce qu’ils ont expérimenté, après en avoir été les premiers bénéficiaires. Comme tout chrétien appelé à écouter le message et ensuite à le proclamer en paroles et comportements!.
En 11. Et tous ceux qui entendirent (ainsi Luc) Dans la crèche on ajoute nos personnages !
En 12. Marie retient tous ces événements et les médite : elle, la mère des chrétiens remue en tous sens ce qu’elle a entendu. Comme elle, les chrétiens en ce temps de la Nativité il s’agit de relire ce message de Jésus : né à Bethléem, mais message qui aura son aboutissement dans sa façon d’être et de vivre, emmailloté jusque dans le linceul après sa mort et couché dans la mangeoire d’où il ressuscitera pour nous nourrir du pain de Bethléem
JOYEUSE FÊTE DE LA NATIVITE A TOUS ET TOUTES, pour la plus grande gloire de Dieu..