Synthèse de l’homélie du père Jean De Wulf

La Parole de Dieu 

Dieu parle et donc Il me parle, contrairement aux idoles qui restent muettes (Ps 118). Mais que me dit-Il ? Sans hésiter, j’en suis sûr, Dieu me dit : ‘Je t’aime de l’Amour absolu, sans regret’. Comment le sais-je ? je ne le sais pas ! Je crois seulement ce que j’avance ; mais pas aveuglément, car j’ai un vécu qui me le signale en ma vie, quelques fois de façon perceptible, d’autres fois imperceptible : Dieu m’aime, c’est qu’il trouve son bonheur à me faire ‘vivre’. Et simultanément cela le fait vivre en Dieu-pour-les-hommes, ce qui est son essence : pas un Dieu lointain dans son ciel, mais au cœur même de ses relations avec nous. Dieu parle pour nous communiquer qui Il est. La mission de Jésus, la mission de chacun des baptisés est de révéler la gloire de Dieu. Ce qui est pour lui la valeur première, c’est l’Amour et donc l’amour pour les hommes.

Partout

Dieu est partout, me disait-le catéchisme de mon enfance. Je le trouvais fort, d’être ainsi partout, (l’ubiquité). Parce que Dieu communique avec moi, j’évolue et je dis à présent qu’il est dans toutes mes relations :

  • avec Lui,
  • avec tous ceux qu’il me donne de rencontrer,
  • avec la terre qu’il me donne de cultiver et de garder,
  • avec moi-même qui suis aimé de lui.

C’est là l’Univers si bien décrit, de façon imagée, au chapitre 2 de la Genèse,

  • Dieu se salit les mains pour me façonner avec de la terre glaise et m’inspire le souffle qui le fait vivre, et ainsi je deviens ‘vivant’.
  •  Dieu se préoccupe de moi et plante des arbres pour en faire mon paradis qui me nourrira
  • Dieu façonne ‘l’autre’, mon semblable et pourtant dissemblable par son apparence autre
  • Dieu confie l’Univers à l’un et à l’autre, afin de les mener à leur accomplissement, grâce au souffle de l’Esprit qui nous ‘inspire’.

Ancienne Alliance

Dieu nous parle en l’Ancienne Alliance par sa parole collationnée dans la bible. Voici deux exemples qui me sont chers, outre bien sûr le récit de la Création en Genèse

  • La vocation de Moïse à libérer le peuple de l’esclavage en Égypte : c’est Dieu qui libère, mais il ajoute immédiatement que c‘est Moïse (moi) qui le fera. ‘ Comment le ferai-je ? Je ne connais même pas ton nom ?’ ‘ Mon nom : je suis qui je suis, car je suis pour toi’ ‘Mais je ne me sens pas capable de parler au pharaon.’ ‘Fais appel à ton frère ! mais c’est toi qui opéreras la délivrance de mon Peuple.’
    Mon appel (le nôtre) peut-il être mieux décrit ?
  • Exemple en Isaïe 55, 10 – 11. « Ma parole, dit Dieu : La pluie et la neige qui descendent des cieux n’y retournent pas…
  • sans avoir saturé la terre,
  • sans l’avoir fait enfanter,
  • sans l’avoir fait bourgeonner,
  • sans avoir donné semence au semeur, 
  • et sans avoir donné nourriture à celui qui mange. 

Ainsi se comporte ma parole du moment qu’elle sort de ma bouche : elle ne retourne pas vers moi sans avoir exécuté ce qui me plait et sans avoir fait aboutir ce pour quoi je l’ai envoyée. »

Quelle magnifique parabole !

Nouvelle Alliance

Dans la Nouvelle Alliance, Dieu a un Verbe, sa Parole qui révèle son dessein avec les hommes.  Il leur donne le pouvoir de devenir enfant de Dieu, de notre essence jaillit une étincelle !  Mais pour accomplir ce dessein, Dieu a trouvé le modus operandi : que le Verbe soit fait chair afin de partager les joies et les peines des hommes, afin que Lui-même les éprouve du ‘dedans’, sauf le péché. Ainsi le Verbe a connu l’échec, car les autorités juives ont rejeté sa parole dans laquelle Jésus révèle à travers tout que Dieu, son Père, est un Dieu d’Amour. A l’opposé de cela, les autorités juives proclament un Dieu tout-puissant, juge sévère, toujours prêt à condamner les hommes inattentifs à son culte et à ses lois. Mathieu, Marc, Luc et Jean ont écrit les évangiles, afin qu’allant à la rencontre de Jésus, nous nous laissions inspirer par son comportement. Ne lisons pas ces récits pour en rechercher l’historicité, mais bien pour que cette lecture nous mène à une rencontre face à face avec Jésus aujourd’hui. Or, toute parole adressée à l’homme est toujours perçue à l’aune de l’oreille qui écoute. Il faudra chaque fois faire appel à l’Esprit reçu lors de notre baptême, pour y discerner les indications concrètes pour notre agir en tant que chrétien.

Exemple

Le récit de l’évangile de ce dimanche (Mt 14) : Quand Jésus apprit l’arrestation de Jean le Baptiste, il se retira en Galilée. « Galilée des païens », dira Matthieu. Mais pourquoi Jésus ne va-t-il pas vers la ville sainte, au Temple de Dieu parmi son peuple, lieu sacré avec ses prêtres et ses scribes ? Il est tout de même le Messie appelé à rassembler le monde autour de son centre, le Temple. Or, voilà qu’il va vers la Galilée, hors du circuit sacré ; il se fait accompagner par des gens incultes, des pêcheurs, pour en faire des pêcheurs d’hommes ! Et là il va de village en village pour apporter la Bonne Nouvelle à ceux qui n’y comprendront rien. Pourquoi fait-il ce choix ? Parce que la mission de Jésus est de révéler la vraie, l‘inoubliable’ image de Dieu-pour-les-hommes. De leur côté, les religieux ont façonné une image de Dieu à leur mesure, avec le rituel et des normes morales, conditions pour mériter le salut. Mais Jésus ne veut rien avoir de commun avec cette image-là ; son choix est clair : Dieu y est pour les hommes. Le sabbat n’est pas fait pour dire ce qui est permis ou interdit ; le sabbat est fait pour l’homme et non l’homme pour le sabbat. Dans la liturgie de cette semaine-ci, il y avait une parole étonnante de Jésus : « On ne jeûne pas lorsque l’époux est présent » ; à ce moment toute l’attention se porte sur l’époux. Mais lorsqu’on le perd de vue, on jeûne et cela suscite le désir de la rencontre.  Ainsi Jésus dira aussi : « On ne coud pas un morceau de tissu neuf sur un vêtement vieux et déchiré, sinon on perdra à la fois le tissu neuf et le vêtement. A vin nouveau, outres nouvelles. »

Pourquoi lit-on ces récits ?

Pour réussir notre vie d’homme, ne nous fourvoyons pas dans ce que les hommes ont fait de la religion, dans les rites et les préceptes pour mériter le salut, pour en faire une récompense. Mais accueillons le salut comme un don de Dieu, dans la foi en la Parole de Jésus. Pour réussir notre vie, cette Parole est toujours à rechercher pour l’actualiser : il s’agit d’aimer Dieu, aimer les autres, aimer la terre, s’aimer soi-même.

Catégories : Homélie