Jésus rend la vie à un mort, Lazare en ce 5ième dimanche du Carême
L’évangéliste Jean nous donne le récit de la réanimation de Lazare. Ou mieux du signe, comme l’appelle Jean. Pour lui les récits sont des signes qui ont un but : « afin que nous croyions que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu et afin qu’en croyant nous ayons la vie en son nom ». Dans son évangile Jean relate sept signes. Le septième, celui de Lazare aussitôt suivi de l’entrée en passion et mort de Jésus, passage obligé qui mène à sa résurrection… Lazare dont le nom dit : ‘Dieu aide’, est malade. Comme notre monde est malade non seulement du coronavirus, mais de tout ce qui nous empêche d’être libres, de notre égo axé sur l’avoir, le pouvoir, le savoir. Lazare tout comme ses deux sœurs Marthe et Marie sont les amis de Jésus. Il les aime, comme nous tous, qui que nous soyons. Les deux sœurs envoient un message à Jésus qui lui s’est retiré au loin. Son dernier séjour à Jérusalem s’est mal passé, les ‘bons juifs’ après une confrontation avec lui ont pris des pierres pour le lapider. Lui s’est échappé . Voici leur message : « Seigneur, celui que tu aimes est malade ». Message concis, mais qui cache le désir que Jésus vienne aussitôt le guérir. La réaction de Jésus est de dire à ses disciples : « Cette maladie ne conduit pas à la mort, elle est pour la gloire de Dieu afin que par elle le Fils de Dieu soit glorifié » La gloire à laquelle Dieu tient, est que l’homme vive ! Or Jésus reste encore deux jours sur place ! Pourquoi ? Pour mettre les sœurs à l’épreuve (comme nous parfois qui ayant prié avec ferveur nous ne voyons pas Dieu intervenir) ? Ou pour que Lazare meure, comme Jésus allait mourir très peu de temps après, afin que Jésus puisse le ressusciter comme le Père le troisième jour le ressuscitera ? Courageusement Jésus dit : «Revenons en Judée ». Réplique des disciples : « Pas question, tu te souviens des pierres prêtes pour ta lapidation ». Là-dessus Jésus leur dit : « Lazare, notre ami, dort et je m’en vais le tirer de son sommeil ». Nouvelle intervention des disciples : « Si Lazare dort, c’est qu’il est sauvé ». Alors Jésus leur dit ouvertement : « Lazare est mort, et je me réjouis de n’avoir pas été là, à cause de vous, pour que vous croyiez. Allons auprès de lui ». Thomas notre jumeau a cette phrase téméraire : « Allons-y nous aussi, pour mourir avec lui ».
Lorsque Jésus arrive, Lazare est déjà mort depuis quatre jours : de nombreux juifs entourent les deux sœurs en pleurant avec elles. Mais Marthe averti de la venue toute proche de Jésus va à sa rencontre. Sa première parole : « Seigneur, si tu avais été ici mon frère ne serait pas mort » Un reproche parce que Jésus n’est pas venu aussitôt après le message ? Mais elle ajoute, révélant ainsi sa foi en Jésus : « Mais maintenant encore, je le sais, tout ce que tu demanderas à Dieu, Dieu te l’accordera ». Jésus dit tout simplement : « Ton frère ressuscitera ». De façon vive elle rétorque : « Je sais qu’il ressuscitera, à la résurrection au dernier jour » Elle croit que le Messie, à la fin des temps, soulèvera la pierre qui sépare le séjour des morts, les enfers, du séjour des vivants. La réaction de Jésus est une parole forte : « Moi, je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ; quiconque vit et croit en moi, ne mourra jamais. Crois-tu cela ? » Jésus ne dit pas qu’il a la résurrection en main pour récompenser les justes, mais qu’il est la résurrection. Son essence est la résurrection. En grec ‘anastasia’ par son étymologie dit : mise debout (stasia), mais précédé par ‘ana’ qui veut dire tant une ‘nouvelle fois’ que ‘en provenance d’en haut’, de Dieu. Je pourrais interpréter : Jésus le ressuscité (par le Père) ressuscitant (les hommes). Quand on croit en Jésus, la mort est vaincue même si nous devons passer par la mort, celle-ci n’est qu’un passage (une pâque) vers notre destinée, être en Dieu. Là-dessus Marthe affirme sa foi : « Oui, Seigneur, je crois : tu es le Christ, le Fils de Dieu, tu es celui qui vient dans le monde » C’est notre foi : Jésus est le Christ, le Messie, non pas qui viendra à la fin des temps, mais qui vient au présent, comme un cadeau de Dieu pour que nous vivions de l’Esprit de Dieu, en enfants de Dieu.
Sur ce Marthe à la gentillesse de partager sa foi à Marie : le Maître est là et il t’appelle…Foi missionnaire donc ! Marie se lève et de nombreux juifs la suivent en pleurs croyant qu’elle va pleurer au tombeau, mais c’est à Jésus qu’elle adresse le même message que Marthe : «Seigneur, si tu avais été là, mon frère ne serait pas mort ». Lorsque Jésus vit qu’elle pleurait et les juifs pleuraient avec elle, il est pris d’une émotion : le Fils de Dieu vient proche des hommes et pleure avec eux. Pleurer pour quoi ? Par sympathie avec ceux qui pleurent ? Face à l’incroyance des gens ignorant la bonté infinie de Dieu? « Où l’avez –vous déposé ? » (Je repense au matin de Pâques où Marie-Madeleine par trois fois dit : je ne sais pas où on l’a déposé…elle veut le prendre pour elle). Les gens s’empressent de lui dire : « Seigneur, viens et vois » (je repense ici au dialogue avec les premiers disciples : « rabbi, où demeures-tu ? » « Venez et voyez » et ils virent où il demeurait) Où déposé? Derrière la pierre tombale, bien sûr. Jésus dit « Otez la pierre ». Intervention de Marthe oublieuse de sa belle profession de foi : « mais il sent, quatre jours déjà» Il est bien mort…alors que Jésus avait dit :’même s’il meurt, il vivra’. Jésus aurait-il pensé à sa profession de foi à lui trois fois exprimée : il mourra et le troisième jour il ressuscitera ? De toute façon Jésus dit à Marthe : « Ne t’ai-je pas dit ? Si tu crois, tu verras la gloire de Dieu » La gloire de Dieu, ce qui lui tient à cœur: la gloire de Dieu ? Que l’homme vive … et la gloire de l’homme ? Que l’homme voie Dieu… On a ôté la pierre, celle qui sépare le séjour des morts du séjour des vivants. Jésus s’adresse maintenant au Père : « Père je te rends grâce parce que tu m’as exaucé. Je le savais bien, moi, que tu m’exauce toujours, mais je te le dis à cause de la foule qui m’entoure afin qu’ils croient que tu m’as envoyé ». Sur ce Jésus cria d’une voix forte : « Lazare, viens dehors » Hors du tombeau, hors du séjour des morts, la mort est vaincue grâce à la voix du Père au matin de Pâques: ‘Mon fils, sors de la mort’. Et le mort sortit, les pieds et les mains liés par des bandelettes et le visage enveloppé du suaire (comme les bandelettes et le suaire que Jean découvrira au matin de Pâques en entrant dans le tombeau de Jésus, il vit et il crut) Libérez-le de ce qui entrave son être Lazare remis debout, comme le monde est remis debout par la résurrection. Notre foi, notre espérance
Père Jean