Homélie de Vénuste.
Ezéchiel 34, 11… 17 : le Seigneur se plaint de ce qu’aucun chef d’Israël n’a vraiment été un bon pasteur (sauf David). Aussi Dieu va-t-il intervenir en personne (par son Fils Jésus) pour soigner lui-même son peuple. Sécurité et salut assurés, aussi pour la brebis chétive que la blessée, et même l’égarée.
1 Corinthiens 15, 20… 28 : la royauté de Jésus trouve sa réalisation suprême dans sa victoire sur la mort, par sa résurrection et celle de son peuple. C’est un roi sauveur, qui prend la tête d’une nouvelle humanité, le nouvel Adam, le nouveau Moïse ; le salut qu’il donne est cosmique, car il s’étend à tout l’univers. Il détruira tout ce qui est mal, le dernier ennemi étant la mort.
Matthieu 25, 31-46 : la parabole du jugement dernier. Nous serons jugés sur l’amour, pas l’amour de Dieu, mais l’amour du prochain. C’est pour attirer l’attention des chrétiens sur la dimension sociale du christianisme. Le Christ, ce roi pasteur qui refuse la force et la puissance, s’identifie à notre prochain, surtout le plus petit, il nous appelle à reconnaître sa présence dans les autres, surtout les déshérités. Il ne nous demande pas d’attendre que celui qui est dans le besoin vienne à nous, il nous demande (si nous voulons le rencontrer) d’aller visiter les malades, les prisonniers…
La liturgie termine l’année liturgique en beauté, en apothéose, sur la fresque de la venue grandiose du grand Roi, le Christ, le roi de tout l’univers. L’image du Christ Roi appartient à la plus ancienne tradition (c’est le message de l’Epiphanie par exemple, les mages en adoration représentent toutes les nations qui reconnaissent LE roi). Les premiers chrétiens célébraient la royauté du Christ : le Christ a triomphé de toutes les puissances du mal et de la mort, par sa résurrection, par son exaltation, Dieu l’a fait « Seigneur ». Mosaïques et fresques des anciennes absides, tant latines qu’orientales, en sont les témoins iconographiques. Elles représentent le Christ de majesté, le « Pantocrator » : celui qui gouverne tout. Le christianisme était alors le ferment de résistance le plus puissant contre l’absolutisme impérial qui lui infligera trois siècles de persécutions sanglantes. La fête du Christ-Roi est cependant d’origine récente. Elle a été instaurée par Pie XI, en 1925, au moment de la montée des totalitarismes (fascisme, nazisme et communisme), des législations anticléricales et d’un laïcisme agressif ; elle se voulait comme une contestation et une mise en garde devant tous ces dangers ; c’était pour affirmer que tout pouvoir vient et dépend de Dieu, que tout pouvoir est service, surtout service du plus vulnérable. Depuis 1970, la fête du Christ-Roi a reçu la nouvelle appellation de « Christ, Roi de l’Univers ».
Le Christ est roi, LE Roi, l’unique, le seul grand roi, puisqu’il ne règne pas sur un territoire, il règne sur tout l’univers ; il ne règne pas sur le for externe seulement, il règne également sur les cœurs et les consciences. Mais c’est un roi qui nous déroute. Il n’accentue pas les distances loin de ses sujets (protocole exige), au contraire il est tout proche, il prend même la place du plus petit, puisqu’il est venu pour servir et non pour être servi. Il prend même la place du pécheur sur la croix, c’est un comble. Sa puissance, sa force, ses pouvoirs, sont inouïs, puisqu’il régit l’univers, règle la course des astres, crée les organismes vivants et intelligents les plus complexes, mais la preuve suprême de cette puissance, c’est qu’il prend pitié (pardon et miséricorde), qu’il donne sa vie pour une humanité qui ne le mérite pas.
L’image du roi de l’univers qui nous vient normalement à l’idée, c’est le tout-puissant, entouré de tous ses anges, qui siégera sur son trône de gloire pour juger les vivants et les morts ! C’est le credo que je cite, ce sont les paraboles du jugement que nous avons lues ces dernières semaines ; c’est textuellement l’évangile du jour. Une des prérogatives, des fonctions du roi, c’est de juger ses sujets ; la salle du trône servait à cela. Juger, dans la Bible, ce n’est pas d’abord condamner (à des peines plus ou moins sévères), pour asseoir son autorité, pour montrer qu’on a le droit de vie et de mort. « Juger le peuple », c’est lui apprendre le chemin de la vie et du bonheur, à savoir lui apprendre les voies du Seigneur, lui apprendre à s’aimer l’un l’autre, créer l’harmonie dans le peuple. C’est pourquoi, à côté de l’image du roi juge, nous avons une autre image du roi de l’univers, présente elle aussi dans la Bible, celle que Dieu préfère : le roi-berger, « le bon pasteur » qui se coupe en quatre, qui est aux petits soins pour chaque individu. En Israël, les bergers laissaient paître ensemble brebis et chèvres ; c’est seulement le soir que les chèvres étaient mises à part pour mieux les abriter, parce que plus vulnérables. Séparer n’est donc pas une question de sanction, de (con-)damnation. Celui qui donne la vie éternelle aux justes est le même qui pardonne aux autres (don et par-don).
L’évangile d’aujourd’hui (avec la première lecture) est à lire comme une parabole qui nous permet de saisir cette image du pasteur. Les textes sont loin d’une vision de puissance, d’un Dieu-Empereur dont Jésus lui-même s’est nettement distancé : il a toujours refusé qu’on le proclame roi, sauf sur la croix. Sa royauté n’est pas de ce monde. Sa royauté est service (« … j’irai moi-même à la recherche de mes brebis… je veillerai sur mes brebis »), royauté de douceur (« celle qui est blessée, je la chercherai, celle qui est faible, je lui rendrai des forces… »), royauté d’amour. La couronne de ce roi est d’épines, la croix est son trône, son commandement l’amour, sa loi-constitution les béatitudes, son armée des non-violents, son royaume un monde de paix. Il y aura un jour où le monde ne pourra plus ignorer le Christ-Roi, car, ce jour-là, sa venue, sa présence, crèvera les yeux. Mais au lieu d’attendre cette date et de s’étonner qu’elle tarde, efforçons-nous de reconnaître la présence et la royauté du Christ dans l’aujourd’hui, dans le présent déjà. Les textes liturgiques révèlent la surprise : le roi triomphant et majestueux est présent dans le plus petit de nos frères ! A Damas, Paul l’a rencontré dans les chrétiens qu’il persécutait.
Par son incarnation, il s’est fait petit, le petit charpentier de Nazareth : pauvre dans la crèche, demandeur d’asile en Egypte, prisonnier chez Pilate, dépouillé et ridiculisé sur le chemin de la passion, tué comme un vulgaire esclave… Le Christ est solidaire des petits, des pauvres, des persécutés, des marginaux, des exclus, des méprisés. Dieu fait corps avec ceux que nous avons tendance à repousser du pied comme des malpropres, à ignorer, à regarder de haut, à aider avec condescendance. Il n’est pas seulement solidaires de ces « anawim » (pauvres de Yahvé), il en a fait son icône, il est présent en eux. De telle sorte que si l’on veut le servir, il faut aller le chercher dans les pauvres. Si l’on ne veut pas avoir la surprise des justes aussi bien que des « maudits » lors du jugement, quand, aussi bien à droite qu’à gauche, on lui demandera : « quand t’avons-nous vu affamé, assoiffé, nu, étranger, malade ou prisonnier… », il faut ouvrir les yeux et le cœur dès à présent pour ne pas passer à côté de lui dans les malheureux auxquels nous dérobons notre regard, pour ne pas le piétiner dans les déshérités de notre société. Il y en a qui croient que Dieu nous jugera au dernier jour, alors que ce sont nous-mêmes qui nous nous serons jugés tout au long de notre vie en refusant l’amour. Car c’est sur l’amour que nous sommes jugés : si notre vie a été amour. Dieu ne demandera pas combien de fois nous avons été à la messe, combien d’indulgences plénières ou d’indulgences de 300 jours nous aurons comptabilisées. Il ne demandera même pas si nous sommes croyants ou pas. Il demandera si nous avons été humains, si nous avons eu des gestes d’humanité, de miséricorde. C’est paradoxal à dire, mais Dieu ne nous juge pas sur l’amour que nous avons pour lui : le jugement, c’est sur l’amour du prochain, du plus petit. Quelques athées seront surpris de se retrouver du bon côté, quelques croyants seront étonnés de se retrouver du mauvais côté. La ligne de démarcation, entre les bons et les mauvais, passe par notre cœur. Il nous arrive de visiter un malade, de donner du pain à celui qui n’en a pas. Mais il nous arrive aussi de nous fermer à la détresse qui nous entoure, de refuser l’aumône. Personne ne peut donc prétendre faire partie des « bénis de mon Père », mais personne ne mérite non plus la condamnation éternelle. Evitons donc tout manichéisme qui voudrait déterminer (selon nos a-priori) et séparer ceux à qui on donnerait le bon Dieu sans confession et ceux qui sont irrémédiablement mauvais.
L’Eglise a surtout encouragé les dévotions. C’est une bonne chose tant que la dévotion, la recherche de Dieu, nous ramène à la recherche du frère, à l’amour du prochain. Dieu est servi et aimé dans le frère. Il faut que l’enseignement de l’Eglise mette en valeur aussi la dimension sociale du christianisme. Aimer le frère, surtout celui qui en a le plus besoin. Il y a bien sûr celui qui est dans le besoin matériel : le sans nourriture, le sans vêtement, le sans abri, le sans santé, le sans patrie, le sans liberté. Il y a aussi le sans amour, l’exclus, l’intouchable. Il faut donc aussi mener le combat pour édifier un monde plus juste et plus fraternel. Ne pas attendre que les malheureux viennent frapper à notre porte : nous devons aller au-devant d’eux, sortir de chez nous, pour les fréquenter. Si nous voulons rencontrer Jésus, il ne faut pas l’attendre dans notre salon, il faut sortir sur la place, à la rencontre de la précarité. Que de péchés d’omissions pour lesquels nous ne sommes ni excusables, ni pardonnables ! Ce que nous refusons ou oublions de faire pour le plus petit de nos frères, atteint le Christ lui-même et compromet notre éternité bienheureuse. Efforçons-nous donc d’aimer… d’aller au-devant de notre prochain, qui porte le Christ en lui, qui nous (ap)porte le Christ. Montrons-nous humains pour l’autre. Cultivons la fraternité universelle et la charité sociale comme nous y exhorter le Pape François dans la nouvelle encyclique « Fratelli tutti ». Nos gestes d’amour, même humbles, ont valeur d’éternité. S’y efforcer par amour, rien que par amour et gratuité (tentation du calcul : pour mériter « son » paradis).
Que ton règne vienne ! Règne dans notre cœur : que nous fassions tout, de telle manière que le monde croit et reconnaisse que tu es le seul roi. Notre monde qui veut vivre sans Dieu, qui se veut laïc. Prions pour tous ceux qui ont une parcelle d’autorité, les « lieutenants » de Dieu : qu’ils l’exercent au nom de Dieu, et qu’ils l’exercent par l’amour, le bien commun, le pardon, le souci de la paix et de la justice, le service, surtout en faveur de « l’un de ces petits qui sont les frères » du grand Roi.
Commentaire de Père Jean.
En ce temps-là , Jésus disait à ses disciples : « Quand le Fils de l’homme viendra dans sa gloire, et tous les anges avec lui, alors il siégera sur son trône de gloire. Toutes les nations seront rassemblées devant lui ; il séparera les hommes les uns des autres, comme le berger sépare les brebis des boucs ; il placera les brebis à sa droite, et les boucs à sa gauche.
Alors le Roi dira à ceux qui seront à sa droite : ‘Venez, les brebis bénies de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la fondation du monde. Car j’avais faim, et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli ; j’étais nu, et vous m’avez habillé ; j’étais malade, et vous m’avez visité ; j’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi’.Alors les justes lui répondront :’Seigneur, quand est-ce que nous t’avons vu…. ? tu avais donc faim, et nous t’avons nourri ? tu avais soif, et nous t’avons donné à boire ? tu étais un étranger, et nous t’avons accueilli ? tu étais nu, et nous t’avons habillé ? tu étais malade ou en prison…Quand sommes-nous venus jusqu’à toi ?’ Et le Roi leur répondra : ‘Amen, je vous le dis : chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait’.
Alors il dira à ceux qui seront à sa gauche : ‘Allez-vous en loin de moi, vous les maudits, dans le feu éternel préparé pour le diable et ses anges. Car j’avais faim, et vous ne m’avez pas donné à manger ; j’avais soif, et vous ne m’avez pas donné à boire ; j’étais un étranger, et vous ne m’avez pas accueilli ; j’étais nu, et vous ne m’avez pas habillé ; j’étais malade et en prison, et vous ne m’avez pas visité ‘. Alors ils répondront eux aussi : ‘Seigneur, quand t’avons vu avoir faim, avoir soif, être nu, étranger, malade ou en prison, sans nous mettre à ton service ?’ Il leur répondit : ‘Amen, je vous le dis : chaque fois vous ne l’avez pas fait à l’un de ces plus petits, c’est à moi que vous ne l’avez pas fait’. Et ils s’en iront, ceux-ci au châtiment éternel, et les justes à la vie éternelle. »
Voici donc le troisième récit que Jésus nous livre en testament juste avant d’entrer dans sa passion, pour nous inviter à être éveillé, dès à présent, dans l’attente de Lui qui vient à la fin des temps. Comme une parabole qui n’en n’est pas vraiment une puisque lui-même nommément , comme Fils de l’homme entre dans le récit. Certes l’attention se porte sur sa venue à la fin des temps pour juger le monde : aux uns il dira : « Venez les brebis de mon Père, recevez le Royaume », aux autres : « loin de moi, vous les les maudits ». Toutefois, la partie essentielle du récit porte sur ce que l’homme a vécu en sa vie ici-bas face à la rencontre avec celui qui a faim, a soif, est étranger, est nu, est malade, est en prison. C’est de nouveau le temps de l’Eglise ; Jésus ‘visiblement ‘ absent, il faut le retrouver en veillant à ‘nourrir ceux de la maison’ : les nécessiteux du récit d’aujourd’hui c’est là que Jésus est.
Entrons dans ce récit. D’abord Il est question du temps où le Fils de l’homme viendra dans sa gloire : entouré des anges qui dans d’autres paraboles sont appelés les moissonneurs , mais surtout dans la gloire de Dieu. Rappelons-nous que dans les évangiles la gloire de Dieu est la valeur que Dieu entend retrouver parmi les hommes : gloria Dei vivens homo : la gloire de Dieu, que l’homme vive de la vie de Dieu. Le texte nous dit que les nations seront rassemblées devant lui. Quelles sont ces nations ? les païens, terme utilisé dans la bible comme ‘nations’ à l’opposé du peuple de Dieu qu’est le peuple juif ? ou les nations dans le sens moderne, telles les nations réunies ? Ou tout simplement tous les hommes ? On peut faire le choix, mais le sens est bien que l’humanité toute entière sera rassemblée devant le Fils de l’homme. Il y aura une séparation entre les hommes ‘les uns des autres’ , comme le berger fait la séparation entre les brebis et les boucs. J’ajoute personnellement : ’Comme le bon grain et l’ivraie seront séparés par les moissonneurs lors du temps accompli, l’ivraie pour le feu et le bon grain pour le grenier.
Alors le Roi, le Fils de l’homme devenu le Roi comme pour signaler qu’il vient en sa fonction de juge pour juger, pour donner un ‘sens’ à ce que les hommes auront fait ; l’important ne se situe pas uniquement dans le jugement lui-même à la fin des temps , mais en ce qui s’est fait, a été vécu dans le temps actuel sur terre. Longtemps je me suis dit que le jugement se fait au moment même de ma bonne action (donner à manger à celui qui a faim) ainsi que mon péché d’omission (en ne donnant pas à manger à l’affamé). Or lors des procès devant ‘nos’ tribunaux il y a d’abord vérification de la réalité du méfait parfois jusqu’à reconstitution sur les lieux même du crime, mais qu’il y a une autre phase où la question est examinée : comment le malfaiteur en est arrivé là : avant de procéder au jugement une réflexion sur sa responsabilité : y a-t-il des arguments pour accorder des circonstances atténuantes eu égard à son passé, sa jeunesse…De même chacune de nos actions que ce soient des accueils de la misère des autres ou lorsque nous omettons d’être secourables, il y a un jugement : bien ou mal, mais il y a un jugement dernier où l’ensemble de notre vécu est jugé :’circonstance atténuante : le juge est miséricordieux
Il séparera ce qui est bon de ce qui n’est pas bon, pour récupérer le positif et éliminer le négatif. En chacun des hommes n’y a-t-il pas du bon et du ‘pas bon’ ?. Sera-ce comme avec le bon grain et l’ivraie ? L’ivraie où le mal de chacun sera séparé du bon grain en chacun…Alors quoi ? le mal pour le feu éternel, le bon dans le grenier ? Car qui peut dire qu’il n’y a en lui que du bon, ni qu’il n’y a que du mal en lui. Voilà des questions que se posent nous les hommes… Sur ce, Jésus explicitera ce qui est bon et ce qui est mal en renvoyant tous les hommes à leur vie passée : c’est dans cette vie sur terre que se joue en chacun la prolifération du bien et du mal. Le jugement à la fin des temps est le regard du Roi sur notre vécu en ce bas monde : vivre comme des êtres relationnels face à l’amour de Dieu auquel ils répondent par des gestes d’amour, face aux autres, nos prochains dont nous voulons le bien et non le mal , face à la terre donnée pour la garder et la cultiver, et ainsi face à nous-mêmes, qui sommes tentés de prendre notre ego comme référence au lieu de nous savoir homme- pour- Dieu, pour- le-prochain, pour- la- terre, et qu’ainsi nous construisons notre vie face à nous-mêmes. Ces relations Jésus les énumère en donnant des exemples concrets. Pour chacun de ceux-ci on peut s’interroger sur sa propre responsabilité individuelle et la responsabilité collective, l’une du domaine de la charité (le face à face), l’autre du domaine de la justice (responsabilité politique à laquelle nous participons comme citoyens). Dieu n’ entend –il pas réussir son dessein de sauver tous les hommes… ?
Donner à manger à celui qui a faim, ou non. Qui a faim ? Certes il y a nombreuses régions dans le monde où la faim règne par manque de solidarité entre les peuples ou par l’égoïsme de dictateurs et leurs cliques, en notre pays il y a une pauvreté grandissante de ceux qui ne peuvent se nourrir comme il faut. Mais il y a d’autres faims : faim d’être reconnu comme personne humaine, faim de gestes de tendresse, faim d’apprendre, faim de Dieu… Que faisons-nous ? Prêtons-nous une oreille attentive à cette faim tout autour de nous, une aide effective pour que celui qui a faim se sente nourri.
Il y a les soifs : l’eau qui se fait rare dans certaines régions, l’eau qui est polluée…Mais soif aussi de réussir leur vie, de rencontrer le vrai amour, connaître la vraie tendresse. Il y a le mauvais accueil des étrangers, de ceux qui ne sont pas comme nous, tant ceux qui vivent tout à côté de nous mais que nous ignorons, que les migrants démunis de tout. Il y a ceux qui sont nus et n’ont pas de quoi se vêtir : la nudité est toujours signe de manque de respect de la part des autres et parfois de soi-même. Ne mettons-nous pas quelque fois quelqu’un à nu en le réduisant au regard que nous avons de lui ? Il ya les malades incapables d’être encore actifs dans notre société d’après notre regard (tel celui que nous portons trop souvent sur les handicapés, ceux qui sont seuls et isolés. Comment les intégrer dans notre société, tant dans une approche personnelle directe que par une politique d’ouverture que nous soutenons. Il y a aussi les prisonniers isolés dans nos prisons sans doute, aussi parce que la visite est quelque fois interdite. Il y a aussi les prisonniers que nous emprisonnons dans nos catégories : ‘ peu ou pas fréquentables’ à nos yeux
Jésus dans cet évangile vient nous dire que dans tous ceux-là nous avons l’opportunité de le rencontrer, lui Jésus vivant dans ces laissés pour compte. Le reconnaissons-nous en eux ? Croire en Jésus vivant aujourd’hui , c’est le voir révélé dans la présence de ces précarisés. Mais comme dans la parabole nous répondons à Jésus que nous ne l’avons jamais vu ni rencontré en ceux-là ! C’est certes un méfait, mais Jésus ajoute le plus grave n’est pas que nous ne l’avons pas reconnu, mais que nous n’avons pas reconnu le besoin des nécessiteux autour de nous . C’est là-dessus que nous serons jugés… . Pas grave que nous ne l’ayons pas reconnu ! Encore que notre juge est le juge de toute miséricorde ce qui veut dire qu’il n’a qu’un seul objectif, c’est de nous tirer de la misère que nous éprouvons en nous de ne pas avoir eu le même élan que lui qui est venu pour nous sauver de nos précarités .
Ce n’est pas par hasard que ce dernier dimanche de l’année liturgique soit aussi la fête du Christ Roi. Quel est sa façon de régner ? Ne l’a-t-il pas montré durant sa vie : en tournant la tête vers Zachée pour se faire inviter par lui, en écoutant le larron lui dire : « Jésus, souviens-toi de moi lorsque tu seras dans ton royaume ! et lui donnant la réponse : « aujourd’hui avec moi dans le paradis » Le dernier jugement de Jésus en croix : une parole de vie !