Jonas 3, 1… 10 : mission éclair de Jonas qui parcourt la ville corrompue de Ninive en la menaçant de punition divine. A sa grande surprise, toute la ville manifeste une véritable conversion (« chacun se convertira de son mauvais chemin… »). Preuve qu’il ne faut jamais désespérer de personne, qu’il doit se trouver en chaque homme un point sensible de sorte qu’il suffit parfois d’un mot pour susciter la conversion. L’amour universel de Dieu pour toutes les créatures ne devrait-il pas être le meilleur motif de conversion que la peur du châtiment ? Le peuple choisi l’a été pour être prophète auprès des autres peuples : élection est mission.
1 Corinthiens 7, 29-31 : vivre « comme si ». Si tout change, si rien ne demeure, à quoi vaut-il la peine de s’attacher ? Par opposition aux valeurs limitées du monde, il y a un absolu : la vie en Christ. Il ne s’agit pas d’aimer à moitié, ni de s’engager pour un temps limité : faire en sorte que tout engagement nous relie au Christ qui le rend ferme et authentique. « Comme si » : le chrétien est déjà dans le monde divin grâce au lien qui l’unit au Ressuscité.
Marc 1, 14-20 : le message de Jésus tient en ces quelques mots : le Règne de Dieu est là, présent dans nos existences et dans nos sociétés, il suffit d’y croire et de prendre les initiatives qui s’imposent. Jésus se choisit ceux qui prendront le relai après Pâques : l’Eglise a été voulue par Jésus lui-même ; Christ donne un nom nouveau à Pierre, ce qui évoque son rôle particulier.
Homélie de Vénuste.
Dimanche passé, nous avons écouté le récit de l’appel des premiers disciples selon la version de St Jean, aujourd’hui c’est la version de St Marc. Des divergences sont évidentes entre les deux récits, parce que, rappelons-nous, les évangélistes n’ont pas les mêmes préoccupations que l’historien (moderne) ; pour eux ce n’est pas le fait historique brut qui importe, c’est plutôt sa signification, sa portée. Les évangiles ne sont pas des reportages, mais des catéchèses. En rapportant la vocation des premiers disciples (apôtres), ils veulent montrer l’initiative de Jésus qui appelle et la réponse immédiate, aussi généreuse que radicale des apôtres (Marc écrit plus d’une fois « aussitôt »).
Situons d’abord la scène dans le temps et dans l’espace. C’est « après l’arrestation de Jean Baptiste » : Marc veut faire comprendre que Jésus a vu dans cette arrestation le signal que l’A.T. devait céder le pas au N.T. Pour prendre le relais du Baptiste, quelqu’un d’autre aurait laissé passer un peu de temps après cette arrestation. Voilà en tout cas un moment qui n’était pas des plus favorables, si on devait suivre les critères humains. Quelqu’un dirait que la mission de Jésus commence sous de funestes auspices. Selon les mêmes critères humains, le lieu non plus n’est pas des mieux indiqués.
Le lieu que Jésus choisit pour commencer sa mission, c’est la « Galilée des païens ». Au lieu de choisir Jérusalem la ville sainte ! De Galilée (Nazareth) que peut-il sortir de bon, ironisera Nathanaël avant de faire lui-même partie du groupe des Douze ! N’oublions pas qu’après la résurrection, Jésus donne rendez-vous aux Douze en Galilée justement, ce sera le point de départ de la mission des apôtres à leur tour. L’universalité du salut est ainsi manifestée. Jésus va vers tous les hommes, il veut une Eglise même en plein milieu païen : aujourd’hui encore le Christ nous envoie en plein milieu déchristianisé, en périphérie pour reprendre l’expression devenue célèbre du Pape François.
Si le moment et le lieu ne sont pas des meilleurs selon nos critères humains, le « personnel » non plus n’aurait pas eu l’agrément des managers de nos sociétés modernes. Ils n’ont pas de CV ! De pauvres pêcheurs qui n’ont eu d’autre horizon que le lac de Galilée, ils ne savent que jeter le filet, pas toujours avec succès, car ils ont, au moins une fois, avoué à Jésus : « Maître, nous avons peiné toute la nuit sans rien prendre ». Voilà les « cadres » que Jésus se choisit comme collaborateurs, associés, partenaires et continuateurs. Et ces gens « quittent tout » ! Tout : leurs familles (dans ces sociétés patriarcales, le fils, même marié, ne quittait pas son père), leurs épouses (la plupart ils étaient mariés), leur profession, leurs barques, leur patrimoine… ils ont tout quitté pour suivre Jésus… « aussitôt ». Dans la logique humaine, ils auraient dû s’assurer que Jésus avait mis de son côté toutes les chances de réussite et de succès pour son œuvre aux ambitions planétaires : une minutieuse étude du projet, des finances en suffisance, un personnel hautement qualifié et tout un ensemble de stratégies, de logistiques… Ils auraient dû « attendre voir » : un peu de temps par prudence pour savoir ce que vaut ce jeune rabbi, si on peut parier un kopeck sur lui, si le jeu en vaut la chandelle…
Qu’est-ce que Jésus met comme capital, comme méthodologie, comme logistique ? Qu’est-ce qu’il fait comme discours inaugural ? Quelles lignes de force de son programme ? La confiance, l’amour. Rien que ça. « Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle. » Ce sont là les premiers mots de Jésus : les premiers disciples n’ont pas d’abord adhéré à une doctrine, quand ils l’ont suivi, ils n’avaient même pas encore reçu d’enseignement. Se convertir et croire ; se convertir, c’est croire, car c’est le même mouvement de la personne qui fait tellement confiance qu’elle se tourne vers la personne qui lui fait confiance et mérite confiance. Comme en tout amour, quand le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas. Se convertir, c’est quoi ? On était trop tourné vers soi-même, on décide de désormais se tourner vers les autres et vers Dieu. Non pas parce qu’on a bien réfléchi, qu’on a été convaincu par un raisonnement, mais parce qu’on se sent attiré et qu’on veut s’attacher. Se convertir, c’est quitter un passé pour un avenir autre, pour vivre et aimer autrement. Dans tout amour, il y a un saut à faire dans l’inconnu, une rupture, une conversion. C’est cela qui est dit dans le terme « quitter », « tout laisser » : « aussitôt, laissant là leurs filets, ils le suivirent… laissant dans la barque leur père avec ses ouvriers, ils partirent derrière lui. » Aussitôt ! Coup de tête ou coup de cœur ? Quelle force extraordinaire d’attraction dégage le jeune Rabbi Jésus pour les séduire si fort ? Hypnose ? Non ! Jésus respecte trop notre liberté, il ne peut pas jouer ni manipuler la conscience des gens. L’amour oui, beaucoup d’amour.
Jésus ne les a pas soumis à des tests (ni stage ni noviciat) pour évaluer leur quotient intellectuel, il n’exige pas une bonne intelligence. Détrompons-nous, nous qui avons fait du christianisme une histoire de vérités (dogmes) à croire, Jésus n’est pas venu donner une bonne doctrine, la foi ne porte pas sur des idées, mais sur sa Personne : le suivre, adhérer à lui, s’attacher à lui (on dit d’une forte amitié que c’est un attachement). Jésus s’attache, non les « têtes bien faites », une élite, mais les gens de cœur. Ainsi, personne ne se sentira exclu, personne ne dira que le Christ n’appelle que les plus saints, les meilleurs, les plus intelligents, les mieux habillés, les mieux nés… C’est toi et moi, c’est tout le monde qui est appelé à le suivre, à devenir « pêcheurs d’hommes ». Il suffit d’avoir cette générosité qui répond oui « aussitôt », avec cette grande confiance qui ne demande pas d’abord les détails de la route, qui ne discute pas d’abord des conditions, qui ne cherche pas d’abord à aller embrasser ses parents, qui ne cherche pas d’abord à savoir jusqu’où… Ceci en toute liberté, car Jésus n’exerce aucune contrainte sur personne.
Nous aussi sommes envoyés vers les Galilée des païens d’aujourd’hui, vers notre Europe déchristianisée, vers ceux qui sont en recherche, ceux qui doutent, ceux qui ont des idées déviantes, ceux qui sont allergiques même à la religion, ceux qui suivent les dieux de la bourse et les stars. En fait, nous croyons que les gens sont éloignés de Dieu, alors qu’ils sont en attente : il suffit parfois d’un mot pour les ramener à Dieu. Malheureusement ils resteront en attente tant que nous, les baptisés, nous ne nous décidons pas à bouger, à aller leur parler par la bouche et par les œuvres qui rendent gloire à Dieu.
Peut-être que quelqu’un dans l’assemblée est en train de se demander pourquoi il ne sent pas sur lui cette attraction que Jésus a exercé sur Pierre, André, Jacques et Jean et les autres (nombreux dans l’histoire de l’Eglise) qui ont été vite séduits pour tout quitter aussitôt et le suivre. Mais qu’est-ce que nous faisons pour sentir son regard sur nous, pour saisir son appel. Pour créer en nous de bonnes dispositions de foi et de conversion, il faut que, dans notre vie de chrétiens, nous fassions place à la prière et à la méditation de la Parole ; que dans notre pratique liturgique nous participions activement aux célébrations ; que dans notre pratique concrète nous participions à la vie paroissiale, engagés dans des activités d’ordre associatif, caritatif ou autres, dans un groupe de prière ou un groupe biblique. Est-ce que nous sommes vraiment prêts à quitter le confort de nos maisons, de nos habitudes, de nos certitudes, pour nous mettre au service, nous tourner vers les autres, pour l’amour de Dieu ? La Galilée des païens de chez nous est immense, aucun « pêcheur d’hommes » ne peut être de trop. Le Seigneur t’appelle à venir « derrière » lui, ne te dérobe pas. Déjà quand quelqu’un critique l’Eglise, quand il critique notre monde sans religion, moi je crois que c’est déjà un appel pour lui, car il montre par là qu’il est conscient que le Seigneur a beaucoup à faire et qu’il a besoin de bonnes volontés avec lui. Viens derrière moi, dit-il à chacun de nous avec insistance. Nous avons des filets à laisser et bien vite, car il y a urgence. Il faut tout laisser et nous mettre à la disposition de Celui qui veut sauver l’homme. Il compte sur nous, il a besoin de nous pour annoncer son amour. Nous ne devrons pas aller nécessairement loin de chez nous, à Ninive, encore qu’il faille être prêt si Dieu le veut. C’est peut-être dans notre propre famille que nous sommes appelés à œuvrer comme pêcheurs d’hommes. En tous les cas, personne n’est dispensé de ce « service ». Si un baptisé ne se sent pas envoyé, missionnaire, et n’est pas à l’œuvre quelque part, c’est qu’il a endurci son cœur, qu’il discute avec Dieu et se défile comme Jonas.
A la date du 25 janvier, se clôture la semaine de prière pour l’unité des chrétiens : nous demandons à Dieu de mettre fin à ce contre-témoignage des divisions entre Eglises. Quelle « bonne nouvelle » annoncer dans la cacophonie et le scandale de divisions séculaires ? Rappelons-nous aussi que le Pape François a souhaité que chaque 3ème dimanche du temps ordinaire, soit consacrée « à la célébration, à la réflexion et à la proclamation de la Parole de Dieu », parole qui est le Christ lui-même.
Commentaire de Père Jean.
Après l’arrestation de Jean le Baptiste, Jésus partit pour la Galilée proclamer l’évangile de Dieu ; il disait : « Les temps sont accomplis ; le règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à l’Evangile ».
Passant le long de la mer de Galilée, Jésus vit Simon et André, le frère de Simon, en train de jeter les filets dans la mer, car c’étaient des pêcheurs. Il leur dit : « Venez à ma suite. Je vous ferai devenir des pêcheurs d’hommes ». Aussitôt, laissant leurs filets, ils le suivirent. Jésus avança un peu et il vit Jacques, fils de Zébédée, et son frère Jean, qui étaient dans la barque et réparaient leurs filets. Aussitôt, Jésus les appela. Alors, laissant dans la barque leur père Zébédée avec ses ouvriers, ils partirent à sa suite.
Dans l’évangile d’aujourd’hui – nous sommes au chapitre 1 – après le ‘court’ ministère de Jean Baptiste, le baptême de Jésus dans l’Esprit Saint et la brève évocation de la tentation de Jésus au désert, Marc entame ‘sa vie de Jésus évangélisateur’ avec 2 épisodes, d’abord un ‘superbref’ discours de Jésus, ensuite ’’l’appel des premiers disciples’ le long de la mer de Galilée. Voilà deux caractéristiques de Marc : 1. Il n’est pas l’évangéliste de longs discours, lui il préfère de mettre en valeur tout ce que Jésus a fait et donc est, comme signes de la venue du règne de Dieu, 2. L’importance des disciples qui seront quasi omniprésents pour découvrir ce que Jésus fait et donc est, et sont appelés à en vivre.
Jésus a appris l’arrestation de Jean le Baptiste qui avait opéré en Judée. Jésus prend la relève en quelque sorte de son précurseur, mais le changement de région est significatif : la Judée est la région de Jérusalem, centre de la religion juive avec le décorum et la présence de Dieu dans le Temple. La Galilée, terre païenne (juive mais paganisée) sera choisie par Jésus pour y annoncer l’évangile de Dieu. Dieu a une bonne nouvelle que Jésus va ‘claironner’, pour ceux qui se sentent marginalisés par rapport au culte du Temple. Voilà déjà une révélation : Dieu est ainsi, car c’est bien l’évangile de Dieu, Dieu se révèle avec des accents religieux très différents de ceux du culte et de la casuistique dont Jean était encore marqué. Jésus va révéler Dieu en étant proche des hommes avec leurs joies et leurs peines : même si Marc n’évoque nullement la naissance de Jésus, par sa façon de raconter ses faits, l’évangéliste énonce ainsi le mystère de l’Incarnation comme proximité avec les hommes, privilégiant les paumés.
« Les temps sont accomplis » Il ne s’agit pas des temps « chronométrés », mais bien « du temps événement décisif » si je veux traduire ce que Marc a retenu. L’événement dans la venue de Jésus est à son comble, le temps est complet d’une plénitude à laquelle on ne peut plus rien ajouter si ce n’est de le traduire en nos vies. « Le règne de Dieu est tout proche » . La proximité de Dieu sera révélée par la proximité de Jésus dans toutes ses rencontres et c’est ainsi que sera révélé comment Dieu règne, sa royauté au service des hommes. Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle. La conversion, en grec la métanoia ce que veut dire la transformation au plus intime de notre esprit. En premier il y a qu’on se tourne vers Dieu avec tout son esprit, et ensuite que nous croyions à la Bonne Nouvelle. Croire c’est mettre sa foi : en français deux mots dérivent de la ‘fides du latin : foi et fidélité . Il y a donc le moment de nous ouvrir à la confiance et le moment de fidélité dans la durée..
Ensuite il y a l’appel des disciples, dans une autre mise en scène que nous l’avons vu chez saint Jean. L’attention est portée sur la mer de Galilée, avec tout le contexte tumultueux de la mer, souvent vu comme le lieu où dans ses abîmes réside le mal qui nous engloutit. C’est proche de ce monde (et non au Temple) que Jésus vient pour nous délivrer du mal ; c’est là au bord de la mer que Jésus appellera les quatre pêcheurs afin de le suivre. Jésus vient les surprendre, deux d’entre eux sont en train de jeter leurs filets dans la mer, deux en train de réparer les filets ; en fait tous quatre visités par Jésus en plein travail quotidien. Jésus appelle les deux premiers à « venez, derrière moi » et ajoute : « Je vous ferai devenir des pêcheurs d’hommes ». Comme chez saint Jean, d’abord une parole d’identité, l’invitation d’être ses acolytes, ensuite une parole de mission : devenir des pêcheurs d’hommes. Toutefois, Jésusavait commencé par : « je vous ferai devenir… ». Il y a comme une création de Jésus : l’objectif bien sûr est de pêcher les hommes qu’est de les tirer de l’abîme de l’échec, mais il est question de « devenir » : le temps leur est un don de Dieu pour y parvenir. Aussitôt ils laissent leurs filets (derrière eux) signifiant qu’ils sont conscients d’abandonner ce qui était leur vie, mais pour devenir les acolytes de Jésus. Les deux autres disciples Jacques et Jean son frère sont appelés (par la même parole d’appel que les deux premiers, tandis que la réaction est de quitter leur père et les ouvriers, un déchirement plus en profondeur. Ils suivent
***Ce troisième dimanche ordinaire est déclaré par le pape François le dimanche de la Parole. J’en profite pour écrire quelques mots non exhaustifs pour donner un éclairage à ce que c’est la Parole de Dieu.
La base pour nous est la foi, la confiance que Dieu nous parle. Ce qu’Il nous dit se résumera un jour sous la plume de saint Jean : Dieu est Amour. Son essence est d’aimer. Son intention de ‘nous’ aimer, c’est de nous faire vivre et ainsi, lui Dieu vit pleinement, en réussissant son dessein . Son sort est lié au nôtre! S’il nous parle, c’est pour faire histoire avec les hommes, se révéler comme le Dieu-pour-nous (pas le dieu des philosophes). S’il nous parle, c’est afin de nous partager son amour et Il nous prie de l’écouter. Lle dernier mot n’est pas dit quand j’ai écouté, il faut comprendre le sens et mettre en pratique le message. Je dois en être pénétré. Sa parole est tranchante. Elle appelle à vivre résolument ce que nous sommes.
Dieu nous parle dans le cadre de l’histoire sainte, l’histoire du salut dont le but est de nous faire devenir vraiment ce pour quoi il nous a parlé. L’étymologie de ‘histoire’ est ‘tissu d’événements’. Il n’y a pas d’événement qui se passe sans qu’il ne soit précédé d’un autre et génère un autre. C’est cela tisser. Dieu certes est dans son éternel maintenant, mais il s’insère dans nos ‘maintenant’ en nous ‘tenant la main’. Cette histoire est ‘inspirée’ par Dieu, mais ce sont les hommes qui l’ont mise par écrit avec leur culture, avec leur ressenti chacun en son temps ; de plus la signification des mots peut évoluer dans le temps. La révélation se fait dans le temps par voie d’incarnation ! Pas étonnant que dans l’Ancien Testament à côté d’histoires merveilleuses telle la vocation d’Abraham ou Moïse face au Buisson Ardent qui nous sont contemporaines, il y ait aussi des scènes de joie en voyant ‘cheval et cavalier’ engloutis par les flots de la Mer Rouge : joie de la victoire telle qu’on l’exprimait autrefois :l’adversaire battu, nous triomphant! Ainsi beaucoup d’images de la colère de Dieu qui reviennent constamment expriment surtout que Dieu s’en repent. Comment savourer la miséricorde si on n’évoque pas la colère de Dieu ! Une façon de s’exprimer.
Quand je suis à l’écoute de la Parole de Dieu dans le Nouveau Testament tels nos évangiles, je dois me rappeler que les récits ne sont pas mis par écrit pour dire comment les choses se sont passées exactement comme rapportées dans une biographie. S’ils ont été mis par écrit tardivement, c’est que les apôtres étaient confrontés à des problèmes surgissant au coeur de leurs communautés respectives pour lesquelles ils écrivaient ; se souvenant de paroles ou gestes de Jésus ils les ont utilisés pour que leur communauté se ressaisisse , comme aujourd’hui nous les lisons avec l’esprit porté sur notre contexte actuel. Ainsi nous venons de voir le récit de l’appel des disciples cette fois-ci en Marc et la semaine dernière en saint Jean. Le fond (identité et mission) reste le même, le contexte change. Ainsi aussi Dieu est miséricordieux en tous les évangiles, toutefois Luc est celui qui le dit de façon plus expressive en nous rapportant la parabole du Père prodigue. Chacun écrit donc avec sa sensibilité se rappelant telle parole de Jésus quitte à leur donner une autre signification. Ainsi Mathieu et Luc rapportent la parabole de la brebis égarée mais l’un pour en tirer un discours sur la communauté qui risque de marginaliser les petits, et l’autre pour dire la miséricorde du berger. Voilà l’ invitation à lire la Parole que Dieu nous adresse afin que nous vivions en Dieu.