Exode 3, 1…15 : Vocation et mission de Moïse qui a su écouter le désir de Dieu, mais aussi aider le peuple à découvrir, dans le cheminement de la libération, la réponse de Dieu à leur prière. Révélation du nom de Yahvé, « Je suis », nom qui dit tout et par lequel Jésus se présentera à son tour. Révéler son nom, c’est comme révéler tout son être (comme donner son adresse = chercher à nouer une relation) : Dieu est le « Présent », l’Emmanuel.
1 Corinthiens 10, 1… 12 : le passé est toujours d’actualité. Les Hébreux ont été baptisés dans la nuée et dans la mer, ils ont mangé la nourriture spirituelle (la manne), ils buvaient au rocher : ce sont les sacrements du baptême et de l’eucharistie qui étaient préfigurés, c’est le Christ qui les a libérés comme nous aujourd’hui. Le passé nous apprend aussi à ne pas tomber dans le même péché que les pères : ne pas récriminer contre Dieu. Nous avons ici un bel exemple de l’interprétation des textes bibliques par l’allégorie et la typologie (St Paul utilise ce terme) : on lit le N.T. d’abord avant l’A.T. (et non l’inverse) car c’est le N.T. qui éclaire l’A.T.
Luc 13, 1-9 : pourquoi le mal et la souffrance des innocents ? Jésus donne une clé de lecture des événements qui nous révoltent. Les malheurs ne sont pas une punition car Dieu est un jardinier patient qui se précipite vers le pécheur, non avec la hache pour abattre le figuier stérile, mais avec la bêche pour donner une autre chance, espérant toujours cueillir des fruits de sainteté et de charité. Dieu croit en l’homme et en sa capacité à se détourner du péché : il lui donne les moyens de se convertir. Il ne désespère jamais de personne. Si Dieu est patient, cela ne veut pas dire qu’il faut retarder le retour à Lui. Convertissez-vous, tant qu’il est encore temps. Il y a urgence.
Homélie de Vénuste.
Pourquoi le mal dans le monde ? D’où (de qui) vient-il ? Pourquoi la souffrance absurde et révoltante des innocents ? Sempiternelle question qui taraude l’homme depuis qu’il existe. Bien sûr, il y a la méchanceté et la bêtise humaine qui causent certaines souffrances : un père qui fracasse son enfant contre le rocher de Freyr, les tueurs pervers, les attentats suicides… Il y a aussi des accidents explicables : explosions de gaz, accidents de train. Mais il y a des catastrophes dites « naturelles » : tremblements de terre, tsunami, pluies diluviennes… Est-ce que les victimes le méritaient ? Est-ce une punition pour un péché personnel ou collectif ? Dieu y est-il pour quelque chose ? On se surprend à se demander : qu’est-ce que j’ai fait au « bon » Dieu ? Pourquoi n’intervient-il pas ? Permet-il cela ? Ou tout simplement existe-t-il un « bon » Dieu ? Le problème du mal a toujours été une pierre d’achoppement à la foi. On se dit : soit Dieu ne peut pas arrêter le mal, soit il ne veut pas ; soit il est puissant mais pas bon, soit il est bon mais impuissant. Ou alors il n’existe pas ! Eloi Leclerc écrivait : « Je compris qu’on pouvait être athée, oui, athée par égard pour Dieu. Pour l’honneur de Dieu. Afin de ne pas le rendre complice, par son silence, des crimes qui se perpétraient. »
Des gens veulent savoir ce que Jésus en pense. Ils lui rapportent un « fait divers » : « des Galiléens que Pilate avait fait massacrer pendant qu’ils offraient un sacrifice ». On sait que la Galilée était la base arrière de la résistance contre l’occupation romaine et que Pilate avait la main lourde quand il s’agissait de sévir contre toute velléité de révolte, quitte à commettre des bavures. Peut-être que ce jour-là son service de renseignement avait signalé la présence de maquisards Zélotes déguisés en pèlerins. Qu’en pense Jésus ? Est-il révolté par la répression aveugle du procurateur Pilate ? Il doit prendre position pour ou contre les Romains, pour ou contre la résistance… s’il est le messie, le sauveur du peuple qu’il prétend être.
Jésus ne se positionne pas en politicien, il se place sur le plan exclusivement religieux. Or la religion a tendance à donner comme unique réponse, s’il y a malheur, que c’est qu’il y a punition divine automatique, c’est que quelqu’un a péché, soit la victime, soit un proche. Ce raisonnement est la base de beaucoup de superstitions et de croyances erronées. On ne pense pas à une simple coïncidence : une « main » (justice immanente) agit pour sanctionner (jusqu’à la 4ème génération !). On en conclut tout de suite que c’est Dieu qui punit le coupable. La philosophie a fait de Dieu « la cause première », alors il est mis en cause chaque fois.
Jésus refuse ce raisonnement : « Pensez-vous que ces Galiléens étaient de plus grands pécheurs que tous les autres Galiléens, pour avoir subi un tel sort ? » Et de lui-même, il rapporte un autre « fait divers » : dix-huit personnes avaient été tuées par la chute de la tour de Siloé. Cette fois-ci, il ne s’agit pas de méchanceté humaine, c’est un accident. Mais même quand il y a un accident, on cherche toujours le coupable : l’incompétence de l’architecte, l’imprévoyance des pouvoirs publics… peu importe, il faut un bouc émissaire s’il n’y a personne qui endosse ses vraies responsabilités. C’est la logique des assurances et des tribunaux, c’est le réflexe « normal » des humains. C’est la logique de la justice rétributive : le sort ne frappe pas, ne s’acharne pas aveuglément sur les gens, il (y) a une raison. Jésus est venu corriger cette mentalité, même s’il semble enfoncer le clou lorsqu’il affirme : « … je vous le dis, et si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de la même manière. » Est-ce qu’il menace de sévir ou est-ce qu’il alerte parce qu’il y a urgence (avertissement, alerte, signal, appel, rappel) ? C’est le langage prophétique. Quand on voit quelqu’un sur une corde raide, on le prévient qu’il va se casser la figure ! En fait comme il le fait souvent, Jésus nous demande de ne pas regarder les autres, de ne pas critiquer. Convertissez-vous ! Le mal est dans le cœur de l’homme. Jésus nous renvoie à notre propre conscience ; c’est là, dans notre cœur, que chacun a un réel pouvoir de changer quelque chose, au lieu d’accuser Dieu ou les autres. D’où l’exigence et l’urgence de la conversion.
Jésus raconte alors la parabole du figuier stérile et inutile : « à quoi bon le laisser épuiser le sol ? ». La logique de l’efficacité marchande impose de couper le figuier. L’homme voudrait apprendre à Dieu son métier : si j’étais Dieu, le pécheur serait vite éliminé (ce n’est que justice). Mais Dieu est le vigneron qui bêche autour du figuier pour y mettre du fumier (éducateurs et cultivateurs savent combien patience et confiance sont nécessaires pour accompagner la croissance et la maturation). Dans sa bonté et sa miséricorde, Dieu est un jardinier patient qui se précipite vers le pécheur, non avec la hache pour abattre le figuier stérile (Jean Baptiste disait que la cognée est déjà à la racine de l’arbre), mais avec la bêche pour donner une autre chance, espérant toujours cueillir des fruits de sainteté et de charité. Dieu croit en l’homme et en sa capacité à se détourner du péché ; il lui donne même les moyens de se convertir. Il ne désespère jamais de personne. Au lieu donc que ce soit Dieu qui envoie le malheur, il ne tolère pas le malheur de l’homme, il envoie plutôt (cfr la première lecture) des Moïse pour libérer l’homme du malheur. Dieu ne veut pas la mort du pécheur (encore moins d’un innocent), il veut que le pécheur se convertisse et vive. A l’heure où tout le monde milite contre la peine de mort, ce serait un comble que Dieu soit le seul à l’appliquer… car dans son cas, ce serait la mort éternelle ! Dieu se hâte donc d’agir pour sauver les siens. Il ne peut voir le mal et rester indifférent. C’est le sens de la première lecture. « J’ai vu, oui j’ai vu la misère de mon peuple… j’ai entendu ses cris… je connais ses souffrances. Je suis descendu pour le délivrer… » Dieu décide de s’engager, il prend l’initiative. Mais il ne fera pas de miracle sans impliquer l’homme : « …va ! je t’envoie », dit-il à Moïse. Voilà une autre raison de sa patience : il met l’homme dans le coup, il veut que l’homme coopère à sa propre libération, à celle du monde ; il va au rythme (lent) de l’homme. Sa patience est l’espoir de voir l’homme s’engager à se convertir. Le Pape François dit que Dieu n’a pas de mémoire en ce qui concerne nos péchés !
Convertissez-vous, dit Jésus ! La conversion est une question de vie ou de mort : si Dieu est patient, cela ne veut pas dire qu’il faut retarder le retour à lui. Convertissez-vous avant qu’il ne soit trop tard. Vous périrez de la même manière : Jésus ne dit pas que Dieu nous fera périr. La première conversion à opérer, c’est changer cette image d’un dieu justicier (le djihadiste se croit le bras de Dieu qui doit sévir… aveuglément) qui inspire la peur comme si une conversion (le retour à Dieu) pouvait se faire par peur (avec la peur on fait des esclaves), sans amour, sans sincérité, sans conviction. Dieu n’est pas l’auteur des maux qui nous frappent : cessons de penser à lui comme à un (gendarme) punisseur implacable. Au contraire Dieu descend vers le malheureux pour le sauver. Il ne le sort pas toujours tout de suite de sa situation, mais il est à ses côtés, il le porte, il l’aide à traverser l’épreuve. Ainsi fait Dieu, ainsi fait le Fils qui vient partager avec nous la condition humaine, en toute chose excepté le péché ; il ira jusqu’à connaître la mort et quelle mort ! Il s’identifie aux victimes (il n’est pas uniquement solidaire), il se fait victime lui-même pour montrer comment se remettre debout et gagner la victoire décisive… par l’amour (= le buisson ardent qui ne se consume pas).
Face au mal et à la souffrance, que faire ? Si la souffrance est la nôtre, en faire une belle occasion de croissance spirituelle, vivre dans la confiance en Dieu (ne jamais douter de Dieu ni de sa fidélité, ni de son amour, croire qu’il est toujours bienveillant), matérialiser (par une vie de prière intense) notre bonheur de savoir Dieu « présent », même dans notre malheur. Si la souffrance est d’autrui, ne jamais juger la personne comme si elle s’était attirée le malheur elle-même par un quelconque péché (ne jamais faire le lien entre malheur et vie morale), lui apporter notre aide (la prière est une aide formidable, la prière d’intercession comme celle du jardinier de l’évangile d’aujourd’hui). Jean-Paul II en avait fait l’apostolat du malade lui-même.
Prions par l’intercession de Jésus, l’innocent par excellence (massacré par Pilate), pour toutes les victimes des catastrophes naturelles et celles de la bêtise humaine ou du terrorisme de certains Etats (cas de Pilate) et même des religions ; prions également pour les bourreaux et tous ceux qui endeuillent les familles et la société ; prions aussi pour nous-mêmes parce que peut-être quelque part, sans le savoir, sans le vouloir, nous agissons mal de manière à faire souffrir quelqu’un d’autre… Que les uns et les autres arrivions à nous convertir, n’abusons pas de la patience de Dieu : que ce carême nous en fasse sentir l’urgence. Il faut donc, comme le jardinier compétent, et en toute urgence, couper en nous toute racine ou branche qui porte le péché comme fruit. Et ce qui est sain en nous, laissons la Parole le fertiliser pour qu’il porte les fruits attendus de Dieu : fruit de sainteté, justice, joie, amour. Lire la Bible est le meilleur fertilisant.
Pensons à la miséricorde, celle de Dieu (lent à la colère) et celle que nous avons à rayonner. Le Pape Jean XXIII avait ouvert le concile Vatican II en disant que l’Eglise préfère « recourir au remède de la miséricorde plutôt que de brandir les armes de la sévérité ». Mais Thomas d’Aquin disait que « la justice sans la miséricorde n’est que cruauté, la miséricorde sans la justice est mère de la débauche ».
Etre un bon chrétien pour ne pas avoir de problème, ne pas connaître la maladie… quitte à tout balancer quand on a un souci !!!
Commentaire de Père Jean.
Un jour, des gens rapportèrent à Jésus l’affaire des Galiléens que Pilate avait fait massacrer, mêlant leur sang à celui des sacrifices qu’ils offraient. Jésus leur répondit : «Pensez-vous que ces Galiléens étaient de plus grands pécheurs que tous les autres Galiléens, pour avoir subi un tel sort ? Eh bien, je vous dis : pas du tout ! Mais si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de même. Et ces dix-huit personnes tuées par la chute de la tour de Siloé, pensez-vous qu’elles étaient plus coupables que tous les autres habitants de Jérusalem ? Eh bien, je vous dis : pas du tout ! Mais si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de même. » Jésus disait encore cette parabole : « Quelqu’un avait un figuier planté dans sa vigne. Il vint chercher du fruit sur ce figuier, et n’en trouva pas. Il dit alors à son vigneron : ‘Voilà trois ans que je viens chercher du fruit sur ce figuier, et je n’en trouve pas. Coupe-le. A quoi bon le laisser épuiser le sol ?’ Mais le vigneron lui répondit : ‘Maître, laisse-le encore cette année, le temps que je bêche autour pour y mettre du fumier. Peut-être donnera-t-il du fruit à l’avenir. Sinon, tu le couperas’. »
En ce 3ième dimanche du carême l’évocation de deux faits-divers semble dérisoire à première vue pour ce ‘grand temps d’entrainement’ qu’est le carême. Bien sûr, un mot, celui de conversion, s’y retrouve par deux fois ; ensuite une parabole qui semble se terminer sans conclusion, ce qui interpelle le disciple lecteur, attendant la fin de l’histoire…alors qu’elle est son histoire. A regarder donc de plus près.
**Le premier fait-divers est connu de l’historien juif du premier siècle, Flavius-Joseph, contemporain de Jésus. Pilate a fait massacrer par ses légionnaires des Galiléens, tués de mort violente, sans doute émeutiers au regard du procurateur : lui, le chargé ‘au nom de l’empereur’ de veiller à l’ordre publique (on pense à la ‘pax romana’ si en honneur chez les romains !) …Il avait non seulement fait massacrer ces galiléens – seul Dieu a pouvoir de vie et de mort !-, mais de plus leur sang avait été mêlé au sang des bêtes sacrifiées pour Dieu, un sacrilège donc. Des gens rapportent cette ‘nouvelle’ à Jésus. Sans l’exprimer, la question cachée est : ‘Et Dieu dans tout cela? Dieu qui tolère un tel acte impunément ?’ Ou bien : ‘ces Galiléens méritaient-ils vraiment cette mort violente au regard de Dieu ?’ La réponse de Jésus est nette : ‘C’est ce que vous croyez ? ces Galiléens, de plus grands pécheurs que tous les autres Galiléens ? Non ! Si vous ne vous convertissez pas, vous périrez de même’. Moi, voilà que je suis appelé en ce carême à me convertir ! Qu’est-elle, la conversion ? Une conversion morale ? Non, mais se convertir est de se tourner vers Dieu qui nous dit qu’il nous aime et veut avoir besoin de notre collaboration pour achever son œuvre. Elle est de passer d’une image de Dieu telle que l’homme s’est forgée, à la vraie image de Dieu telle que celle présentée par Jésus dans les Evangiles. Déjà dans l’Ancien Testament il est écrit : ‘Dieu ne veut pas la mort de l’homme mais qu’il vive’. Dans l’évangile, Jésus est chargé par le Père de montrer par ses faits et gestes la vraie image de Dieu, celle d’un Père miséricordieux : Celui dont ‘le cœur tire les pécheurs hors de leur misère ! Les pécheurs ‘échouent’ à être ‘révélateurs’ de ce Dieu de toute miséricorde. Par quels signes montrer notre désir de nous convertir ? En étant à l’écoute de Jésus pour voir Dieu à l’œuvre en lui. Rappelons la voix entendue dimanche dernier : « Celui-ci est mon Fils le Bien-Aimé, écoutez-le » Cette parole, écoutée attentivement, transfigurera notre comportement de chrétien.
** ‘Second fait divers’. L’histoire des 18 ensevelis lors de la chute de la tour de Siloé. Il s’agit d’une répétition de la même conversion à opérer : ce n’est pas en Dieu qu’il faut chercher la cause de cet accident, mais dans cette évocation nous lisons l’interpellation de Dieu à nous laisser transfigurer par le Christ et devenir ainsi les messagers de l’évangile. Je repense à cette ‘croyance’ encore si souvent répandue de voir la mort du Crucifié voulue par Dieu !, alors que sa condamnation à mort a été demandée par les religieux, dérangés par l’annonce de la Bonne Nouvelle par Jésus : ’Dieu a tant aimé le monde qu’il nous a donné son Fils afin que quiconque croit en lui, ait la vie’. Il est plus que temps de se tourner vers Lui.
**La parabole met en scène un récit dans le contexte agricole : ‘Quelqu’un’ est propriétaire d’une vigne, où, comme souvent, il y a aussi un figuier planté. Il cherche du fruit à l’arbre, n’en trouve pas, cela trois années successives. Il donne à son vigneron l’ordre de le couper, arguantqu’il épuise inutilement la terre. Voilà l’attitude d’un ‘propriétaire sans pardon’, opposée à la faiblesse d’avoir pitié. Ce propriétaire est à l’opposé de l’image que Jésus vient révéler. Voilà le ‘serviteur-vigneron’ intervient en priant le maître d’accorder au figuier encore un an ; son argument à lui est qu’il bêchera tout autour du figuier pour y mettre du fumier. Et, au cas où il n’y aurait pas encore de fruit, il faudra le couper, mais on sent bien que le vigneron est sûr du résultat du traitement. Voilà la scène agricole.
Pourquoi est-ce une parabole venant illustrer ce qui précède à propos de la conversion ? Le contexte est une vigne avec un figuier : or, dans la Bible la vigne est le symbole du peuple que Dieu s’est acquis. Le figuier portant des figues, fruits succulents qu’il faut mâcher pour en obtenir toute la saveur, est porteur de fruits et devient ainsi signe de la Parole de Dieu au sein de son peuple. Questions :La réaction du propriétaire refléterait-elle l’image de Dieu ? Le Dieu qui ‘punit’ le figuier en donnant l’ordre d’abattre ? Le Dieu ‘juste selon le regard humain’, mais sans miséricorde qui se complaît dans la mort du figuier ? Non, bien sûr. Heureusement, il y a le serviteur-vigneron, Jésus qui donne une toute autre image de Dieu. Il est un ‘homme’ d’espérance : il a confiance en son figuier. Il passera un an à travailler, en donnant vitalité à son arbre… Celui-ci donnera du fruit ? Le serviteur en est sûr, le figuier ne devra pas être coupé. Sinon (cas impensable après les soins apportés par le serviteur)… ! La vraie image de Dieu révélée par la venue du serviteur dévoile ainsi sa miséricorde. A noter que l’Ancien Testament véhicule les deux images de Dieu, soit se plaisant à punir les récalcitrants par le feu, soit un Dieu miséricordieux à l’image que Jésus révélera en plénitude La nécessité de conversion dont Jésus parlait comme leçon, est celle de découvrir la vraie image de Dieu mise en évidence par la parabole. Le vrai vigneron, celui qui prend soin de la vigne, aura gain de cause auprès de Dieu ! Qui serait prompt à jeter le figuier à la déchetterie ? N’est-ce pas l’homme d’aujourd’hui victime de ce consumérisme : ’pas de problème, allons-y, jetons’.
La question posée par l’évangile de ce jour est : qui donc est Dieu pour moi ? quelle image ai-je de Dieu ? Quelle image la communauté chrétienne, qui est le peuple Dieu, donne-t-elle du Dieu de miséricorde révélé par Jésus? Dieu, totalement différent de ce que beaucoup d’hommes se l’imaginent, eux qui voient en lui un Dieu de justice, appelé à récompenser les bons et châtier les méchants ? A nous de rendre présent le Dieu de miséricorde dans notre comportement de chaque instant. Or, la référence à un dieu de justice selon les normes humaines, est hélas toujours d’actualité : entendons les récriminations contre lui: ‘qu’ai-je fait au bon dieu qu’il me punisse en les épreuves encourues’ ? ‘Où Dieu lors du drame ukrainien ?
Durant de ce temps de carême nous sommes invités à une conversion passant du Dieu de la morale du permis et de l’interdit et du légalisme , pratiqués par le judaïsme du temps de Jésus, à un Dieu présent au côté des hommes, partageant nos joies et nos mises à l’épreuve. Notre foi dit : ‘Dieu aime tout homme’, et veut que l’homme vive toujours. D’où vient alors le mal, que tout un chacun perçoit autour de lui et en lui ? Mystère. Le mal si présent en maintes époques de notre humanité, est aujourd’hui plus perceptible. Pensons à la dérive du climat, à la pandémie que nous venons de connaître, à l’échelle des guerres aux portes de l’Europe tout autant que dans le monde, à la disparité entre les riches et les pauvres toujours grandissante si bien que beaucoup ne peuvent plus jouir d’une vie décente… N’éludons pas notre responsabilité collective et personnelle en ces maux. Certes qu’il y a des maux qui proviennent de la ‘force de la nature’, tels les tremblements de terre, les inondations et autres calamités, mais là aussi il y a des responsabilités non assumées. La détérioration des effets du climat n’est-elle pas aussi l’effet de notre agir humain, où nous abusons des richesses de notre terre au détriment des générations à venir. L’appel à la sobriété appel à la conversion pour chacun de nous? N’oublions pas la bêche et le fumier : c’est carême !