« La Parole est un don. L’autre est un don »
Tel est le thème du message que le pape a adressé aux chrétiens à l’occasion du carême de cette année.
Il s’ouvre le 1er Mars avec l’imposition des cendres pour se clôturer à Pâques le 16 Avril.
Je vous invite à méditer ce percutant message du Pape comme il sait le faire en un langage simple, se situant au niveau concret de la vie de chaque jour.
Dans ce message, Le Pape rappelle à plusieurs reprises ce qu’est le carême : « un temps favorable pour nous renouveler dans la rencontre avec le Christ vivant dans sa Parole, dans ses Sacrements et dans le prochain »; « un nouveau commencement, un chemin qui conduit à une destination sûre : la Pâques de la Résurrection, la victoire du Christ sur la mort »; « le moment favorable pour intensifier la vie de l’esprit grâce aux moyens sacrés que l’Église nous offre: le jeûne, la prière et l’aumône ».
L’objectif de ce message, est d’aider les chrétiens à vivre saintement ce temps fort en se recentrant sur la conversion.
Il écrit : « ce temps nous adresse toujours un appel pressant à la conversion : le chrétien est appelé à revenir à Dieu «de tout son cœur» (Jl 2,12) pour ne pas se contenter d’une vie médiocre, mais grandir dans l’amitié avec le Seigneur ».
Si le Pape nous rappelle les trois moyens sacrés traditionnels que l’Eglise propose aux fidèles comme œuvres spécifiques de carême, il ne manque pas d’insister cette année sur le moyen des moyens, la parole de Dieu à travers laquelle Dieu lui-même nous parle et nous propose entre autre ces moyens traditionnels.
Il écrit : « A la base de tout il y a la Parole de Dieu, qui est selon le Pape « une force vivante, capable de susciter la conversion dans le cœur des hommes et d’orienter à nouveau la personne vers Dieu ».
Il nous invite à l’écouter et à la méditer avec davantage d’assiduité en cette période. Car estime le Pape, elle « nous aide à ouvrir les yeux pour accueillir la vie et l’aimer, surtout lorsqu’elle est faible ».
Oui, la parole de Dieu est le don de Dieu lui-même qui nous parle. Et c’est seulement en s’ouvrant à elle que nous pouvons être attentifs à ce qui se passe autour de nous, a nous intéresser aux personnes plus faibles autour de nous.
Et pour être concret, le Pape propose à notre méditation la parabole de l’homme riche et du pauvre Lazare (cf. Lc 16,19-31), un « récit important » qui exhorte à une conversion sincère et nous offre « la clé pour comprendre comment agir afin d’atteindre le vrai bonheur et la vie éternelle. Un évangile pour nous « aider à bien nous préparer à Pâques qui s’approche ». Une nouvelle occasion saisie par le Pape pour inviter tous les catholiques à ne pas rester indifférent face aux drames vécus par les pauvres.
C’est dans ce récit que le Pape tire la thématique de son message : « l’autre est un don ». « Toute vie qui vient à notre rencontre est un don et mérite accueil, respect, amour ».
Lazare (un nom évocateur signifiant «Dieu vient en aide» et qui arrache le pauvre de l’anonymat déshumanisant pour le faire devenir un sujet historique vivant) nous apprend que l’autre est un don. La relation juste envers les personnes consiste à reconnaître avec gratitude leur valeur. Ainsi le pauvre devant la porte du riche ne représente pas un obstacle gênant mais un appel à nous convertir et à changer de vie ».
Le riche sans nom propre ici, est plus abordé comme une certaine attitude, que chacun de nous peut adopter face à la parole de Dieu, à l’argent et biens de ce monde et à l’autre, le plus faible surtout. Enfin le rapport à l’avenir est ravalé au temporel. Le problème du riche ce n’est pas tant la richesse, mais une accumulation excessive, injuste et arrogante de la richesse, et le refus d’écouter la parole de Dieu qui donne la force de se tourner vers l’autre, et de découvrir qu’il n’est pas un péril, une menace mais un don. La cupidité rend le riche vaniteux et le plonge dans la déchéance morale. Et le Pape de revenir de nouveau sur ce qu’est le carême par rapport au plus faible : « un temps propice pour ouvrir la porte à ceux qui sont dans le besoin
et reconnaître en eux le visage du Christ. Chacun de nous en croise sur son propre chemin ».
Le temps du Carême «nous adresse toujours un appel pressant à la conversion» : le chrétien est appelé à revenir à Dieu «de tout son cœur» pour «ne pas se contenter d’une vie médiocre, mais grandir dans l’amitié avec le Seigneur». Et l’entrée en Carême est « l’occasion de revenir à l’humilité ».
Le prêtre, en imposant les cendres sur la tête, répète ces paroles : «Souviens-toi que tu es poussière et que tu retourneras en poussière». Le riche et le pauvre, en effet, meurent tous les deux. Les deux personnages découvrent subitement que «nous n’avons rien apporté dans ce monde, et nous n’en pourrons rien emporter».
Le Pape termine son message par un appel et une prière. Appel d’encouragement à tous « les fidèles à manifester ce renouvellement spirituel en participant également aux campagnes de Carême promues par de nombreux organismes ecclésiaux visant à faire grandir la culture de la rencontre au sein de l’unique famille humaine. Et appel à prier « les uns pour les autres afin que participant à la victoire du Christ nous sachions ouvrir nos portes aux faibles et aux pauvres. Ainsi nous pourrons vivre et témoigner en plénitude de la joie pascale ».
Tel est l’essentiel du message du Pape François. Une véritable interpellation à l’homme contemporain à revenir à la Parole de Dieu, à résister à cet attrait inconditionnel pour l’argent, l’orgueil, à la vanité, au relativisme, à l’indifférence… une mise en garde contre de nombreuses tentations, et déchéances morales que peut causer l’attachement vicieux à la richesse; un appel à redécouvrir l’homme, le plus faible surtout, et à le replacer au centre de notre totale conversion : religieuse, économique, politique, écologique… Une fois de plus, l’Eglise est constante dans son enseignement, c’est à travers le changement personnel que l’homme va changer ce qui est autour de lui, et ouvrir de nouveaux horizons d’espérance pour toute l’humanité.
Voici donc le chemin qui mène vers Pâques circonscrit et balisé par le Saint Père. Courrons, ainsi que nous conseille saint Paul, en fixant le but, courrons de manière à remporter le prix qui est, au-delà de la Pâques liturgique, la résurrection finale.
Saint et pieux carême à tous
Wilfried