Commentaire méditatif du père Jean pour le Dimanche de Pâques
Pâques : la Résurrection de Jésus Saint Jean 20, 1 – 18
Christ est vraiment ressuscité. C’est le cri de joie et de foi en ce jour de Pâques.
Résurrection en grec Anastasia : la ‘ remise debout une nouvelle fois, avec la force d’en haut’. Aujourd’hui le Christ le gisant est remis debout. Les évangiles ne disent pas comment il est remis debout, mais bien pourquoi il est remis debout. Il s’agit de la signification de sa résurrection Les évangélistes ne donnent pas de définition, mais bien racontent des histoires. Pour Luc ce sera l’histoire des pèlerins d’Emmaüs, pour Matthieu l’envoi des apôtres : ‘je serai avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps’, Marc (même si il y a un ajout qui n’est pas de sa main), n’en dit rien parce que pour lui la résurrection est de faire l’expérience de Jésus vivant dans la communauté : tout le monde peut l’expérimenter. . Pour Jean il y a outre la scène au tombeau avec Marie Madeleine que je commenterai, la rencontre de Jésus avec ses apôtres le soir de Pâques et encore huit jours plus tard avec Thomas, aussi la rencontre avec Jésus au bord du lac avec la pêche miraculeuse. Même foi, divers récits.
Prenons l’histoire de Marie-Madeleine avec Jésus et faisons en notre histoire avec Jésus.
Qui est-elle ? Marc dit que Jésus a expulsé sept démons d’elle. Une pécheresse publique ! Serait-ce elle qui un jour a rencontré le regard ou écouté une parole de Jésus : cela lui donne l’audace de témoigner de son affection en lavant avec ses larmes les pieds de Jésus, les séchant avec ses cheveux et les couvrant de baisers. C’est de cette femme que Jésus témoignera : « Il lui sera beaucoup pardonné, parce qu’elle a beaucoup aimé ». De toute façon on la retrouve au pied de la croix et lors de l’ensevelissement elle observe l’endroit où le corps de Jésus et déposé dans le tombeau. Sommes-nous ces pécheurs et pécheresses qui avons beaucoup aimé Jésus et ainsi recevons le pardon de nos échecs ?
Dans le récit de Jean « de grand matin alors qu’il est encore les ténèbres, elle se rend au tombeau de Jésus ». L’aurore annonce déjà le jour mais les ténèbres persistent. Elle par piété filiale veut aller vers le tombeau, lieu de mort, pour se souvenir du passé avec Jésus aujourd’hui mort, et non le lieu où on fait mémoire, la mémoire étant cette capacité de se tourner vers le passé pour en faire le présent. Le mort qui a annoncé être le vivant .Et nous en nos ténèbres, avons-nous la foi éclairée : nous rencontrons Jésus le Vivant au jour le jour et non pas pour vivre dans les ténèbres de nos habitudes ‘traditionnelles’ ?
Mais voilà la pierre tombale a été enlevée hors du mémorial. Cette pierre selon le regard du croyant juif est la réplique de la pierre qui sépare le séjour des morts du séjour des vivants le Messie à la fin des temps l’enlèvera. Dans le signe de cette pierre enlevée Marie-Madeleine n’y voit pas un signe qui dise que la mort est vaincue et la vie en émerge. Elle y voit que le corps de Jésus a été volé par des inconnus et qu’elle ne peut le prendre pour se souvenir. Sans regarder elle court trouver Pierre et Jean pour leur dire : « On a enlevé le Seigneur de son tombeau et nous ne savons pas où on l’a déposé » Elle qui a vu le soir de la mort où on a déposé le corps inanimé de Jésus , se sent privé de la présence du mort, qu’elle cherchait pour se souvenir du passé. Où avons-nous déposé Jésus ? Dans le passé ? Avons-nous conscience que toute rencontre avec Jésus se fait maintenant, lui qui nous adresse la parole en lisant l’évangile du jour, en le reconnaissant dans l’étranger, l’affamé ?i
Les deux apôtres partent pour se rendre au tombeau. Jean tout en étant le premier n’entre pas mais voit les linges à plat :ils ne couvrent plus le corps subtilisé. Pierre entre et voit le suaire à une autre place que le linceul, tous deux bien rangés, mais ne sait quoi en penser. Jean entre à son tour et voit les linges de la mort, linceul et suaire bien à leur place, le suaire là où la tête reposa et le linceul séparé. Il voit et il croit. Il voit que la mort symbolisée par ces linges de mort est vaincue, donc il est vivant, Jean le premier à croire. Voir et croire : où est-ce que je vois Jésus vivant ? Dans les sacrements ? Dans la solidarité ?
Marie-Madeleine reste seule près du tombeau, elle pleure navrée que le corps dont elle était venue chercher la présence pour se souvenir du passé, ne soit plus là. En pleurant elle se penche vers le tombeau et elle voit deux anges vêtus de blanc, assis à l’endroit même où le corps de Jésus avait été déposé, l’un à la tête et l’autre aux pieds. « Femme, lui dirent-ils, pourquoi pleures-tu ? » Elle leur répondit : « Ils ont enlevé mon Seigneur et je ne sais pas où ils l’ont mis. » Sa préoccupation est de savoir où ils l’ont mis, alors qu’elle sans bien s’en rendre compte le met dans la mort, dans le souvenir. Et nous, obstinons-nous à ne pas le rencontrer dans vie de tous les jours, alors que être chrétien c’est être en relation avec Dieu, avec le prochain, avec la terre qui nous et donnée pour que nous la cultivions et la gardions
Tout en parlant elle se retourne et voit Jésus qui se tenait là, mais elle ne savait pas que c’était lui. Jésus lui dit : « Femme, pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu ? » Mais elle croyant qu’elle avait affaire au gardien du jardin, lui dit : « Seigneur, si c’est toi qui l’a enlevé, dis-moi où tu l’as mis, j’irai le prendre ». Jésus lui dit : « Marie ». Elle se retourna et dit en hébreu : « Rabbouni » ce qui signifie Maître. Ici Marie-Madeleine se trahit : le prendre, être possessive. On ne prend pas Jésus en lui disant où il faut aller. Et nous ?
Jésus lui dit : « Ne me retiens pas, car je ne suis pas encore monté vers mon Père. Pour toi, va trouver mes frères et dis leur que je monte vers mon Père qui est votre Père, vers mon Dieu qui est votre Dieu. » Tentation que de retenir Jésus, d’oublier qu’il est chez son Père, c’est aussi découvrir que le Père de Jésus est notre Père, le Dieu de Jésus notre Dieu et découvrir que nous sommes tous frères : c’est la toute première fois que Jésus nous considère frères et sœurs
Marie de Magdala vint donc annoncer aux disciples « J’ai vu le Seigneur et voici ce qu’il m’a dit.» C’est cela croire en Jésus Vivant. Voir le Seigneur dans notre maintenant et l’annoncer