Entretien d’un paroissien avec Père Marius

Quelle est l’origine biblique de la sainteté ?

Au niveau biblique, ce qu’il faut retenir est que la sainteté découle de Dieu parce que seul Dieu est saint. La sainteté est liée aux trois Personnes divines : le Père, le Fils et le Saint Esprit. A chaque messe nous reprenons la vision d’Isaïe : « Je vis le Seigneur assis sur un trône très élevé. Des Séraphins se tenaient au-dessus de lui… Ils se criaient l’un à l’autre : Saint, Saint, Saint, le Seigneur le tout-puissant, sa gloire remplit toute la terre ! » (Is 6,1-3). Toujours dans le livre d’Isaïe, Dieu lui-même se nomme « Saint » : « Car ainsi parle celui qui est haut et élevé qui demeure tout en perpétuité et dont le nom est saint : Haut-placé et Saint je demeure » (Is 57,15). Dans l’évangile de Matthieu, Jésus affirme que Dieu le Père est Saint : « Soyez saints comme votre Père céleste est saint ». Dans le livre de l’apocalypse, l’auteur décrit la louange de la sainteté de Dieu qui est chantée jour et nuit par les quatre animaux : « Saint, Saint, Saint, le Seigneur, le Dieu tout-puissant… ».

Si seul Dieu est saint, pourquoi disons-nous qu’il y a des saints dans l’Église ?

La volonté de Dieu est que l’homme soit saint, qu’il communie à la vie divine. Ainsi avant même la création, Dieu a voulu que l’homme soit saint, immaculé. C’est ce que saint Paul précise : « Il (Dieu) nous a choisis en lui avant la fondation du monde pour que nous soyons saints et irréprochables… » (Ep 1,4). C’est ce projet de sainteté de Dieu pour l’homme et toute la création qui traverse la Bible. Nous retenons donc que la sainteté de l’homme découle de la sainteté de Dieu. C’est Dieu qui rend saint. Nous découvrons que dans les Écritures, Dieu invite l’homme à ce bonheur, que ce dernier soit heureux. Car la sainteté c’est aussi être heureux en Dieu. Ainsi par amour pour l’homme, Dieu le sanctifie, le rend saint et l’invite à participer à sa sainteté. Et pour être saint, Dieu établit une manière d’être. Le livre des psaumes instruit l’homme en ce sens : Ps 1,1 « Heureux l’homme qui ne prend pas le parti des méchants » ; Ps 2,12 « Heureux tous ceux dont Yahvé est le refuge » ; « Heureux l’homme dont l’offense est enlevée… Heureux celui à qui le Seigneur ne compte pas la faute » (Ps 32,1-2). Ainsi, celui qui fait la volonté de Dieu est heureux. A partir de ce qui précède, nous pouvons déduire que l’Église prend acte de la sainteté de la personne au regard de sa vie en lien avec les commandements bibliques. C’est dans cet appel à la sainteté qu’il faut situer la fête de tous les saints.

La sainteté est-elle réservée aux papes, aux évêques et aux prêtres ?

Il est vrai qu’avant le concile Vatican II, d’après plusieurs théologiens et même dans les enseignements de l’Église, la sainteté était souvent présentée comme un privilège des clercs. Avec le concile Vatican II, nous redécouvrons que la sainteté concerne toute l’humanité, tous les hommes et toutes femmes. C’est ce que nous dit l’auteur du livre de l’Apocalypse : « Après cela je vis : c’était une foule immense que nul ne peut dénombrer de toutes nations, tribus peuples et langues. Ils se tenaient debout devant l’agneau, vêtus de robes blanches et des palmes à la main » (Ap 7,9). A la fête de la Toussaint, l’Église actualise cette vision de Jean. Chacun est invité à faire partie de cette foule immense. Dieu appelle tout le monde à la sainteté.

Quel est le lien entre la fête de Toussaint et la commémoration des défunts le 2 novembre ?

D’un point de vue spirituel et théologique, les deux célébrations sont distinctes mais liées. On ne peut pas parler des saints sans parler de la mort parce que ce sont les défunts qui deviennent saints. Cependant tous les morts ne sont pas saints. C’est pourquoi le 1er novembre nous célébrons tous les morts qui contemplent Dieu au paradis. Par contre le 2 novembre la liturgie nous oriente dans la prière pour tous les morts. Il ne faut pas confondre les deux célébrations d’un point de vue liturgique. Il faut les séparer.

Que pouvez-vous répondre à la question « où sont nos morts ? » ?

Cette question d’un enfant de la catéchèse est profonde. Dans toutes les religions et convictions on parle de l’immortalité. Dans le christianisme, à partir de la mort et de la résurrection du Christ, nous croyons en trois états après la mort :

  • Le paradis : l’état des défunts qui vivent dans le bonheur éternel.
  • L’enfer : l’état de ceux qui ont choisi librement de s’éloigner de l’amour de Dieu et des hommes.
  • Le purgatoire : un état de charité, l’état médian qui concerne les défunts qui ont besoin de la prière de ceux qui sont encore sur la terre.

Que peut-on retenir de ces deux célébrations ?

En fêtant les saints et en priant pour les morts, nous ne devons pas avoir en tête un Dieu qui juge, qui condamne certains et qui sauve d’autres. Nous devons plutôt être heureux de ce Dieu qui nous invite à admirer des hommes et des femmes comme nous, qui ont choisi de faire le bien. Les saints sont aussi nos parents décédés, des amis, des collègues. Dans notre monde qui a besoin de référents, célébrer les saints est une invitation à la culture de l’amour.

Père Marius

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