« Devenons ce que nous recevons. »
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Jean 6, 51-58 : : « le discours sur le pain de vie ». Pour avoir la vie éternelle, la vraie, la condition sine qua non est de manger la « chair » du Christ et de boire son sang. Référence à l’agneau pascal et à la Cène. S’il faut manger pour vivre, il faut choisir la vraie nourriture pour avoir la vraie vie : non pas nos sandwiches humains ! Il n’y a que Dieu qui peut satisfaire notre faim : le Christ est la vraie nourriture et la vraie boisson. « Ceci est mon corps, prenez et mangez… »
C’est vers 1210 que Julienne, une religieuse augustine de Cornillon (Liège), eut une vision qui demandait d’instaurer une fête spéciale dédiée à la présence réelle du Christ dans l’Eucharistie. La fête fut introduite à Liège, en 1246, et placée au jeudi après la Sainte Trinité, 60 jours après Pâques. Un confident de la moniale, devenu le pape Urbain IV, étendit la fête à toute l’Eglise, en 1264 par la bulle « Transiturus », extension réalisée, en fait, à partir de 1317. Saint Thomas d’Aquin composa des textes pour cette fête, dont la belle séquence « Lauda Sion ». Il est toujours intéressant d’être informé sur l’origine de nos dévotions, ce qui les a favorisées, ce qu’elles voulaient souligner et – cela se vérifie toujours – ce qu’on a perdu en insistant sur l’un ou l’autre aspect de la spiritualité : ici la naissance et le développement de la dévotion à Jésus Eucharistie.
Tout le monde s’accorde à dire que la dévotion au Saint Sacrement, vient du fait que, à une certaine époque, l’Eglise a rendu difficile la réception de la communion ; alors on a compensé cette privation par la vue de l’hostie, l’élévation de l’hostie, les processions avec « ostensoir », la fréquence du salut du St Sacrement (avec le confinement, on a essayé de compenser par le virtuel). On voulait aussi défendre la présence réelle, une présence permanente parce qu’elle ne se limite pas à la liturgie eucharistique. Le culte de la présence eucharistique prit donc de l’importance, au détriment des aspects de sacrifice, de repas, d’assemblée. On est arrivé jusqu’à exposer le St Sacrement pendant la messe elle-même. Plus tard, la réaction anti-protestante affaiblitencore plus la liturgie de la Parole, tandis que le jansénisme étouffa la communion : il décourageait les gens à recevoir la communion, par respect pour le Christ réellement présent dans l’hostie consacrée qu’on n’ose pas prendre dans la main ni croquer sous la dent. Des idées justes, trop unilatéralement appuyées, avaient ainsi conduit à la mort de l’esprit liturgique… Alors la piété populaire,
privée de la communion, a développé l’adoration : voir l’hostie, rester en prière devant l’ostensoir ou le tabernacle (désormais surchargé d’ornements et même plus en évidence que le maître-autel), après ou en dehors de la messe. Voir… c’est maintenir une distance « là-bas » dans l’ostensoir ou le tabernacle ; contrairement à manger, car ce qu’on mange, on le fait sien physiquement, il y a union, il y a communion.
Homélie de Vénuste :
Méditation sur le Saint Sacrement du Corps et du Sang du Christ
Tel est le nom officiel de la fête d’aujourd’hui. Autrefois elle était appelée Fête Dieu, ensuite Saint Sacrement, et depuis le Concile on a ajouté du corps et du Sang du Christ. Autres noms, autre évolution?
La Fête Dieu était-elle vue comme pas assez axée sur le Christ Jésus ? Or je crois que tout événement du Christ dans sa vie humaine est aussi œuvre du Dieu Père, Fils et Esprit, le Dieu trinitaire étant présent à la fête…Jésus ayant parfaitement exprimé l’identité de Dieu, donc Fête Dieu me convient bien. Saint Sacrement : tout court? Certes c’est un sacrement mais le mot me paraît trop ‘notionnel’, trop abstrait : est-ce cela que le Concile a voulu souligner : sacrement (signe) du Corps et du Sang du Christ!
Ce que de nos jours nous appelons l’Eucharistie! Ce qui signifie : rendre grâce pour le don de Dieu. Pour tous les dons reçus de Dieu : la vie, l’amour, Dieu Trinitaire, mes frères, la terre, la mission qu’il nous confie…aussi le don de la Vie de ressuscités que nous sommes grâce à la mort et la résurrection du Christ.
Méditation du Père Jean :